Olivia Gometz est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Imaginaire.
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?
J’avais déjà vu passer quelques posts du PAI sur Instagram quand Romane, la responsable com de ma maison d’édition, m’a proposé d’y inscrire Les Carmidor. À ce moment-là, j’étais adepte du « t’as rien à perdre à essayer », donc j’ai accepté sans hésiter.
J’ai été très agréablement surprise quand j’ai découvert que mon roman faisait partie des finalistes, mais je crois que la meilleure surprise, ça a été de pouvoir discuter avec des jurées qui avaient voté pour Les Carmidor (sur les réseaux ou aux Imaginales).
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Trahir & survivre (Les Carmidor, tome 1), son livre en lice !
Trahir & survivre est votre premier roman, mais vous dites avoir commencé à publier sur internet en 2006. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?
C’est mon premier roman édité, mais en effet, c’est loin d’être mon premier roman écrit. Je ne me souviens pas vraiment de ce qui m’a poussée à écrire des histoires, au départ (je devais avoir 6 ou 7 ans et j’ai donc commencé peu après avoir appris à écrire de manière « technique »). Je baignais dans les histoire, à l’époque (entre les lectures du soir de mes parents, les Disney, celles que je m’inventais dans ma tête…) donc c’est sûrement venu naturellement. En revanche, j’ai commencé à publier ce que j’écrivais sur internet par imitation, en voyant mes copines du collège le faire.
Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel·le·s auteur·ice·s vous sentez-vous proche ?
Aujourd’hui, je suis particulièrement inspirée par certaines périodes de l’Histoire (la Renaissance notamment) et ce que j’en découvre via des articles ou des séries (autrefois, c’était davantage pendant mes cours de droit). Je suis plus inspirée par les choses que je vis et que j’apprends que par les romans que je lis, étrangement.
Quant à mes auteurs chouchous, je choisis sans hésiter les jeunes autrices et auteurs francophones que je suis sur les réseaux ! Elles sont très nombreuses à citer, mais c’est clairement d’elles et de leurs romans que je me sens la plus proche.
Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous une autrice architecte qui planifie tout, ou une autrice jardinière qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?
Ça dépend du projet. Pour Les Carmidor, j’ai commencé en pure jardinière (en alimentant peu à peu une encyclopédie sur mon univers, mes personnages, des aspects socio-économiques et culturels…), et aujourd’hui je suis à un entre-deux : j’ai un plan avant de me lancer dans le premier jet d’un nouveau chapitre, mais je n’ai pas de plan exhaustif sur l’intégralité de ma saga (je sais comment ça se termine, mais j’ai plusieurs options et zones de flou sur la manière dont j’y arriverai). Je sens que je glisse peu à peu vers une méthode très architecte, mais même sans y être tout à fait, j’utilise un tas de documents pour m’aider à avancer sans incohérence (chronologies, tableaux de personnages, calculateur de distances entre différentes villes de ma carte…). Cela dit, je continue de me laisser surprendre par des retournements de situation imprévus dans mon plan !
Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?
Un peu, ils sont mes premiers outils quand je débute un nouveau projet (pour noter des idées en vrac, et pour dessiner la carte de mon univers). Mais dès que le projet se précise, je passe intégralement en numérique, que ce soit pour des raisons de sécurité (sauvegarder un carnet de notes, c’est impossible) ou pour des raisons d’organisation. Je n’écris jamais à la main.
Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?
J’ai une playlist pour chaque projet ! Les Carmidor a sa propre playlist, et elle est distincte de celle de mon projet actuel (et plus fournie, de ce fait – elle doit compter près de 200 pistes).
Parlez-nous de Trahir & survivre. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
Les Carmidor est né d’un mélange de visionnage de séries (je naviguais entre Game of Thrones – qui à l’époque comptait seulement 2 saisons, et The Tudors) et de cours de droit (j’étais alors en 2ème année de licence) : la perspective d’écrire de la fantasy (mon genre de prédilection) pour un public adulte m’a inspiré tout un tas d’événements et de retournements de situation. C’est en assemblant toutes les pièces du puzzle que j’ai imaginé cette histoire.
Avez-vous déjà une idée précise du devenir de vos personnages dans la suite de la série ? Pourquoi avoir envie de lancer une série ?
Pour certains, oui, pour d’autres j’ai plusieurs options qui s’offrent à moi et je finirai par en choisir une, tout en sachant que je ne suis pas à l’abri de changer d’avis d’ici que j’écrive la fin. Quant à l’envie d’écrire une saga… c’est plutôt une nécessité : l’histoire que j’imagine ne tient pas en un ou deux tomes (j’ai beaucoup trop d’arcs narratifs et de personnages pour ça !).
Vous n’hésitez pas à dépeindre une violence extrême. Avez-vous voulu écrire un roman engagé en passant par une société imaginaire pour mieux dénoncer les travers de la nôtre ?
Au départ, je n’avais absolument pas conscientisé ce choix, mais aujourd’hui je me rends compte que c’est en effet ce que je cherche à faire. Je me sens très concernée par la cause féministe, et les combats inspirés d’enjeux sexistes/patriarcaux sont ceux que j’aime le plus suivre, même dans la fiction. J’adore la fantasy, mais je l’aime d’autant plus quand elle traite de choses réelles et réalistes.
La vie politique est un des éléments importants de votre roman. Un cadre aussi précis correspond-il à ce que vous recherchez en tant que lectrice, ou même, est-ce la transposition de questions que vous vous posez en tant que citoyenne ?
Plutôt ce que je recherche en tant que lectrice ! Autant l’aspect féministe est très lié à ce qui se passe dans nos sociétés actuelles, autant les aspects politiques sont plus éloignés (ne serait-ce que parce qu’il s’agit de monarchies absolues). S’il y a des questions qui se posent à travers les intrigues politiques de mon roman, ce seront finalement plutôt des questions humaines. La politique est plus un cadre qu’un thème sur lequel j’ai des choses à dire.
Comment avez-vous rencontré votre éditeur ? Qu’apportent un éditeur et une maison d’édition par rapport à l’auto-édition ?
J’ai découvert Beta Publisher grâce à son premier auteur de fantasy, Damien Mauger, qui lisait Les Carmidor sur Wattpad à l’époque où j’étais en cours d’écriture du tome 1. Quand la maison a ouvert ses soumissions et que Damien m’a suggéré d’y déposer mon manuscrit, j’ai sauté sur l’occasion : c’était ma première tentative d’édition et je n’avais alors pas l’intention d’essayer ailleurs, parce que cette maison-là me plaisait énormément et qu’en cas de « non » de sa part, je savais qu’il vaudrait mieux que je continue d’écrire les tomes suivants avant de retenter ma chance ailleurs (c’est toujours plus simple de faire éditer une saga terminée qu’une saga dont seul un tome est écrit).
Éditer mon premier roman m’a apporté beaucoup de confiance en moi (en ma capacité à écrire quelque chose de professionnel), parce qu’à l’époque je ne me sentais pas « légitime » pour m’auto-éditer (ça demande beaucoup de temps, de connaissances, d’investissement, et d’assurance que je n’avais pas).
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?
La présence sur les réseaux sociaux : Instagram et TikTok (ainsi que Wattpad), c’est ce qui me permet d’agrandir peu à peu ma communauté de lecteurs (et ça fonctionne bien !). Ça prend du temps, mais c’est ce qui a permis à Les Carmidor de trouver son public, notamment grâce aux influenceuses qui l’ont diffusé à leurs propres communautés.
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ? Le tome 2 des Carmidor, ou d’autres livres ?
Outre le tome 2 de Les Carmidor qui paraîtra fin 2023, j’écris actuellement un one shot de romantasy, Les Noces d’Ombre et de Fumée, que je compte auto-éditer : après l’édition du début d’une saga fantasy de mœurs, j’ai envie de tenter un autre sous-genre de fantasy et un autre mode d’édition !