Interview : Eric Lambert

Eric Lambert est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Littérature blanche.

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionné ?

C’est grâce à une publication Facebook de Sonia, alias Voyage au cœur des livres, que j’ai connu ce prix, je n’en avais jamais entendu parler auparavant. J’ai décidé de concourir avec mon premier roman et sa présélection m’a ravi.

Je suis très fier depuis que je l’ai apprise : c’est comme une petite victoire.

C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de La confrérie de l’échelle, son livre en lice !

La confrérie de l’échelle est votre premier roman. Comment êtes-vous venu à l’écriture ?

Je lis des romans historiques depuis toujours et j’avais l’idée d’en écrire un à mon tour depuis plus de quinze ans. Je n’osais pas me lancer. Ce fut le confinement de 2020 qui me décida. Il fallait absolument que je sache si je pouvais le faire, sans toutefois viser l’édition, simplement pour savoir si j’en étais capable. J’ai découvert le plaisir que je pouvais prendre en écrivant des histoires. Ce sont mon épouse et mes enfants qui m’ont encouragé à trouver un éditeur. A partir de là, le rêve a continué puisque les éditons Ex Aequo ont accepté mon manuscrit et que le tome 2, L’Écu à la mèche longue, a été édité en avril 2022.

La confrérie de l’échelle nous plonge au beau milieu du 17ème siècle français de Louis XIV, pendant la Fronde : vos lecteurs pensent forcément à Vingt ans après, de Dumas, d’autant plus que votre personnage principal porte son prénom. Et vous ? Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel.le.s auteur.e.s vous sentez-vous proche ?

Tout d’abord, il faut dire que j’aime l’Histoire de France. Comme je vous le disais, ma bibliothèque est emplie de romans historiques, plutôt écrits par des auteurs français pour une période allant du XVIème au tout début du XXème siècle. Je ne peux pas dire que je suis plus proche d’un auteur que d’un autre. Je citerai cependant Paul Féval pour Le Bossu ou Emile Gaboriau. J’aime également tous les auteurs contemporains, comme Eric Fouassier, Olivier Barde-Cabuçon, Christophe Estrada et tant d’autres qui écrivent eux aussi des romans historiques. J’essaie surtout d’écrire des histoires originales. Ma plus grande crainte est d’imiter inconsciemment un de ces auteurs.

Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous un auteur architecte qui planifie tout, ou un auteur jardinier qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?

Je suis surtout auteur jardinier !!! Quelle surprise, lorsque je me suis aperçu que certains personnages prenaient vie et s’imposaient plus que je ne l’avais prévu. En me relisant, je me demande encore comment j’ai pu imaginer certaines scènes. Quand j’ai commencé ce premier roman, je ne connaissais que l’intrigue sans en avoir imaginé la conclusion. Quand certains choix m’obligeaient à corriger ce que j’avais écrit quelques chapitres auparavant, je notais sans corriger immédiatement. J’avais trop peur de boucler en permanence et de ne pas aller au bout.

Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?

J’écris essentiellement sur l’ordinateur, pour le côté très pratique. Par contre, le crayon me sert lorsque que je corrige les épreuves (et pour les dédicaces évidemment !!!).

Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?

Pour les deux premiers tomes, je passais en boucle la musique du groupe de rock YES. Je vous recommande d’ailleurs la chanson Soon. Depuis quelques temps, c’est surtout Pink Floyd qui m’accompagne en sourdine.

Parlez-nous de La confrérie de l’échelle. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?

J’ai eu le premier paragraphe en tête pendant des mois (celui où le jeune Alexandre tire en l’air et attend que la balle lui retombe dessus). J’ai pu commencer quand j’ai su pourquoi il voulait le faire. Comme je l’ai dit plus haut, c’est pendant le premier confinement que j’ai effectivement écrit les premières lignes. Rappelez-vous, l’ambiance de l’époque était vraiment nauséabonde et c’est ce qui m’a poussé à mettre la bienveillance, le respect en fil rouge tout au long de ce roman. Ce sont des valeurs qui peuvent paraitre désuètes mais que je voulais mettre en avant.

Avez-vous fait des recherches pour être fidèle au contexte historique ?

Bien évidemment. Je ne voulais pas écrire un livre d’Histoire mais une histoire dans un contexte historique. Il fallait pourtant que ce contexte soit aussi vrai que possible. Et, au milieu de ce contexte, j’ai imaginé une affaire historique (le décryptage de codes secrets) dont personne ne nous a parlé mais qui aurait pu arriver. J’ai une culture historique qui me permet de bâtir la trame. Mes recherches sont donc surtout axées sur les détails (dates, personnages historiques, …) et m’amènent à faire des découvertes surprenantes.

Votre roman est aussi une quête personnelle, un roman d’initiation. Mutatis mutandis, pourrait-il être transposé à la jeunesse actuelle ?

Le contexte est très différent. La place des adolescents dans la société a beaucoup changé et une simple transposition à notre époque (mutatis mutandis) ne serait sans doute pas suffisante. Par contre, j’ai été surpris que quelques jeunes lecteurs aient beaucoup aimé la Confrérie de l’échelle. Et finalement, c’est normal. Il n’est pas nécessaire de transposer l’intrigue pour qu’ils comprennent (ne les prenons pas pour des imbéciles !!). L’histoire d’Alexandre (qui pourrait être leur camarade, leur petit ami ou eux-mêmes), son caractère ont tout pour qu’ils adhèrent, pour peu qu’ils soient un peu curieux et qu’ils osent entrer dans le contexte historique. Et n’oublions pas les autres protagonistes (Angélo le grand frère ?, Blaise et Marie les grands parents ? …). Alexandre a par moment les mêmes doutes et les mêmes réactions de naïveté qu’ils peuvent avoir dans la vie. En ce qui concerne l’Histoire, je garde le souvenir de la réaction d’une adolescente qui m’a écrit que ce roman lui avait donnée l’envie de se plonger dans l’histoire de la Fronde.

J’ai vu dans quelques retours des remarques qui adressaient ce roman aux jeunes adolescents. Je dois avouer que la première fois que j’ai lu un de ces commentaires, je l’ai mal pris. Comme si c’était un défaut ou comme si ce roman était trop « simpliste ». Aujourd’hui, je les prends avec plaisir. Alexandre Dumas (je ne veux évidemment pas me comparer à ce maitre) lui-même n’est-il pas au programme de la classe de 4ème ? En réalité, avec du recul, la Confrérie de l’échelle a plusieurs points d’entrée, selon les lecteurs (jeunes, vieux, hommes, femmes …).

Le contexte historique prend finalement plus de place que l’intrigue et les circonstances de sa résolution. Est-ce une volonté de votre part, par exemple par crainte de verser dans le roman historique fleuve ?

C’est un tout. Je n’ai pas l’impression pas que le contexte historique prenne plus de place que l’intrigue. Ce qui m’intéressait, c’est surtout le caractère des protagonistes. J’ai adoré mettre beaucoup de dialogues, un peu comme si j’étais au milieu d’eux et que j’enregistrais leurs discussions. J’ai l’impression d’avoir un peu équilibré : contexte historique, caractères et fil rouge (bienveillance, respect), intrigue, quête d’Alexandre… Je n’ai absolument pas la crainte de verser dans le roman fleuve, pour plusieurs raisons. La première est que je n’en suis pas fan en tant que lecteur. La seconde est que, dans beaucoup de cas, ces romans sont emplis de descriptions à rallonge qui n’apportent rien à l’intrigue. Je préfère plutôt suggérer au lecteur, qui a alors l’occasion de compléter et de s’approprier mon roman. Par exemple, vous ne saurez jamais si Alexandre est blond ou brun, vous devinez juste qu’il est plutôt « beau gosse ». Je confie aux lecteurs le soin d’imaginer physiquement mes personnages.

Comment avez-vous rencontré votre éditeur ? Qu’attendez-vous de lui, par rapport notamment à l’auto-édition ?

Quand j’ai eu terminé l’écriture et après l’avis de mes bêta-lecteurs préférés (mon épouse, mes enfants), j’ai décidé de suivre leurs conseils et de proposer ce roman aux maisons d’éditions. Comme je découvrais ce milieu, je me suis contenté de les rechercher sur Internet et de leur envoyer le manuscrit. Ex Æquo a été la première maison d’édition à me répondre.

Avec du recul, je me rends compte que du point de vue de l’auteur, le travail de promotion (réseaux sociaux, salons, …) est sans doute le même dans les maisons d’éditions (hors les mastodontes) que pour un auto-édité. Par contre, en ce qui concerne la distribution (partout en France, dans toutes les librairies, sur toutes les plateformes), il n’y a pas de comparaison possible.

Il ne faut pas oublier la chose la plus importante. Lorsqu’un auteur est chez Ex Æquo, il entre dans une famille. Il y a une réelle relation entre tous les auteurs, qui permet à un débutant comme moi de rapidement appréhender ce milieu du livre et de l’écriture. J’ai également la chance d’avoir Catherine Moisand comme directrice de la Collection Hors Temps. Ses conseils sont toujours avisés et bienveillants.

Comment faites-vous pour être un peu moins inconnu ?

La maison d’édition évidemment communique énormément. Moi qui n’avais pas de compte Facebook, j’ai dû apprendre vite à publier sur ce réseau social en essayant d’être original. J’ai également cherché et trouvé des chroniqueurs qui pourraient parler de mon roman. Je fais quelques salons et marchés.

Je remercie bien sûr le Prix des Auteurs Inconnus pour la belle mise en valeur de mon roman.

Vous avez déjà publié un deuxième livre dans la même maison, en 2022, de nouveau autour de la confrérie de l’échelle. Avez-vous d’autres tomes en tête, ou des livres différents, d’autres projets d’écriture ?

Je suis heureux d’avoir pu suivre mes héros au Pays Basque (où je réside) dans le tome 2, L’Écu à la mèche longue. Quel plaisir pour moi d’avoir donné vie à ces personnages !

L’écriture du tome 3 des aventures de la Confrérie a commencé. Mes héros sont embarqués dans une nouvelle aventure. Le caractère d’Alexandre s’affirme de plus en plus. J’ai écrit en début d’année une nouvelle policière, historique évidemment (1919), qui a participé au Prix Zadig de la nouvelle policière. J’ai encore une activité professionnelle très prenante qui m’empêche d’écrire comme je le souhaiterais mais, dès que l’heure de la retraite aura sonné (l’an prochain), j’ai bien l’intention de développer d’autres idées. Il est très probable que je continuerai sur la voie des romans historiques. L’Histoire de France est tellement riche !

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