Interview : Alex Saeba

Alex Saeba est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Littérature noire.

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?

J’avais entendu parler du concours l’an passé, sans songer à concourir, et puis cette année je suis tombée sur la publication d’une autrice qui en parlait. Je suis allée voir la page dédiée et je me suis dit, pourquoi pas.

J’ai été très agréablement surprise d’avoir été sélectionnée car mon roman est un hybride de genres qui n’entre dans aucune case précise. Se dire que quelques pages ont su donner envie à des lecteurs de découvrir l’Arlequin est également très gratifiant, et source de fierté.

C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Sous le masque de l’arlequin, son livre en lice !

Sous le masque de l’Arlequin est votre deuxième roman. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?

Comment j’en suis venue à l’écriture ? C’est simple, j’ai toujours eu du mal à trouver le sommeil, alors le soir je me racontais des histoires. Un jour j’ai eu envie de coucher sur le papier ce que j’inventais, pour retrouver certaines scènes plus tard. Je me rappelle que mon premier écrit, je l’ai rédigé à la fin d’une épreuve commune au lycée, car j’avais du temps devant moi.

Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel·le·s auteur·e·s vous sentez-vous proche ?

L’autrice dont je me sens le plus proche, c’est Stéphanie Gardès, car nos imaginaires sont très proches. Les écrits de S.E. Harmon correspondent aussi au genre d’univers hybride que j’affectionne, elle mêle comme moi plusieurs genres et je me retrouve totalement dans ses récits. J’aimerais posséder la magie des mots de Flore Vesco dont je suis une très grande fan. Sinon mes inspirations sont comme mon roman, hybrides : je pioche dans tous les médias : manga, roman, séries, films.

Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous une autrice architecte qui planifie tout, ou une autrice jardinière qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?

Je suis les deux. Je planifie en grande partie et puis je modifie au fur et à mesure de l’écriture, ce qui m’amène très régulièrement à modifier le squelette général de mes romans, car mes personnages ont la désagréable habitude de s’octroyer un plus grand rôle qu’ils n’avaient au départ. Quand ils n’en font pas tout simplement qu’à leur tête.

Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?

Totalement, je couche toujours mon premier jet sur papier, ça me permet d’écrire n’importe quand et n’importe où, notamment quand je suis trop fatiguée pour travailler sur pc, et puis ça me permet de mettre à plat mes idées. Ce n’est qu’après que je passe sur l’ordinateur, soit après le premier jet de chaque chapitre comme pour ma saga actuelle, soit quand le premier jet est fini dans sa totalité comme pour mon nouveau projet en cours.

Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?

Avant oui, j’écoutais en boucle Muse, Evanescence et Children de Robert Miles que j’associe depuis toujours à Elora, le personnage principal de mes deux premiers romans, maintenant non. J’écris souvent avec la tv à côté, je ne mets de la musique que lorsqu’il y a des bruits parasites autour de moi et que j’ai besoin de me concentrer. Ou quand je suis déprimée et que j’ai besoin de compagnie musicale.

Parlez-nous de Sous le masque de l’Arlequin. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?

Parmi les nombreuses histoires que je m’inventais le soir avant de m’endormir, il y avait beaucoup de fanfictions, j’inventais la suite de l’épisode d’une série -quand je ne le faisais pas tout simplement dans mes rêves- ou j’ajoutais un personnage à un film que j’aimais, comme Indiana Jones. Un jour j’ai inventé l’histoire d’une ado placée sous protection des témoins car elle avait vu les auteurs d’un attentat. Elle était confiée à mon héros de toujours, Ryô Saeba, alias Nicky Larson. C’est parti de là et ça a dérivé sur tout à fait autre chose ! ^^

Sous le masque de l’Arlequin est un roman à suspense qui se situe au carrefour de plusieurs genres puisqu’il mêle aussi de la romance et du fantastique. Ecrivez-vous les livres que vous auriez voulu lire ?

J’écris depuis que j’ai 16 ans, j’en ai 41. Cette saga, j’ai commencé à me mettre pleinement dedans quand j’avais 24 ou 25 ans et je l’ai écrite comme un livre (ce n’était pas une saga au départ) doudou dans lequel je pourrais y mettre tout ce que j’aimais, d’où les nombreuses références ou clins d’œil à des tas de séries, films, acteurs et romans : donc oui j’écris un roman que j’aurais aimé lire.

Vous nous entraînez aux États-Unis. Est-ce un pays que vous connaissez, ou avez-vous fait des recherches ?

J’ai été biberonnée aux séries US et aux films d’action depuis mon plus jeune âge sous l’influence de mon oncle et de mon père. Quand on a regardé autant de séries et de films que j’en ai regardé, à une époque où il n’y avait pas les plateformes de streaming, les États-Unis sont comme une seconde patrie. Je fais des recherches sur les points que je ne connais pas bien, j’en ai fait pas mal sur le FBI, par exemple pour le tome 4 notamment. Mais situer l’action principale aux États-Unis était une évidence pour moi, car c’est le pays des armes légales, on y imagine sans mal des grandes organisations criminelles et des tueurs à gages, et son gigantisme donnait plus de crédibilité à une enfant qu’on cacherait d’une organisation criminelle : l’illustration du proverbe « chercher une aiguille dans une botte de foins » en quelque sorte. La France semblait trop petite pour cacher Elora sur plusieurs années.

C’est vrai que votre écriture est très cinématographique et on imagine très bien un passage à l’image. Avez-vous écrit avec cette éventualité en tête ?

Dans mes fantasmes les plus fous, j’adorerais voir mes romans adaptés en série tv, mais c’est un fantasme et je n’écris pas dans cette éventualité. J’ai une écriture cinématographique parce que j’ai baigné toute mon enfance dans les séries américaines et les dessins animés japonais. Je suis une grande lectrice de mangas et de bd, des arts visuels qui influent eux aussi sur mon écriture. Je couche sur le papier les scènes que j’invente et comme je les visualise avant de les écrire (j’invente des dialogues en roulant, en marchant, en cuisinant, etc), forcément je les retranscris telles que je les vois, ou telles que j’aimerais les voir. Et puis je suis une maniaque du contrôle donc peut-être que j’ai une écriture très cinématographique car je veux trop guider le lecteur dans les méandres de mon univers.

Illustration de l'écriture d'un livre

Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ?

Pourquoi l’autoédition ? C’est simple, allez voir un éditeur et dites-lui, « bonjour, j’ai une saga de 6 tomes + un préquel à publier, vous êtes partant ? » et je suis à peu près sûre qu’il vous rit au nez ! Les éditeurs sont déjà frileux à publier un premier roman d’une personne lambda, alors une saga…

Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?

Les avantages de l’auto-édition : je contrôle tout (tiens, le retour de la maniaque du contrôle), je ne gaspille pas de papier car mes romans sont imprimés au fur et à mesure qu’ils sont vendus, et c’est un point hyper important pour moi qui travaille dans les métiers du livre et vois le gâchis quotidien de papier et de cartons.

Les inconvénients : c’est énergivore et peu reconnu. Il y a comme dans l’édition classique du bon et du mauvais, mais on souffre encore trop de préjugés. Et puis je suis un peu écœurée par tous ces vautours qui tentent de faire du bénéfice sur le travail de personnes qui s’autofinancent, comme les plateformes qui vous proposent de payer pour mettre votre manuscrit sur un site accessible aux éditeurs, par exemple. J’ai l’impression que tout le monde veut proposer ses services aux autoédités, mais que trop peu de personnes acceptent d’en lire. Personnellement, je mets un point d’honneur à lire des autoédités et à m’offrir leurs romans en papier ou en e-book suivant mon budget du mois.

Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?

Pas grand-chose et de moins en moins, car ce que j’aime finalement c’est écrire et quand je vois la masse d’auteurs qui tentent de se faire connaître, ça m’épuise d’avance. Je n’aime pas sortir du lot, je n’aime pas me démarquer, donc œuvrer à sortir du lot et se démarquer… ce n’est pas vraiment pour moi.

La fin de Sous le masque de l’Arlequin fait comprendre que les aventures d’Elora ne sont pas terminées, et vous venez de parler de six tomes… où en sont vos projets pour cette suite ? Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Oui, la saga d’Elora compte 6 tomes (Sous le masque de l’arlequin en est le premier) et un préquel (déjà publié sous le titre Tombées du ciel). Les 6 tomes fonctionnent comme 3 arcs : l’enfance d’Elora ; son adolescence et l’élément fondateur qui va la pousser à prendre les armes à son tour ; et le dernier arc où elle mène le combat. J’espère publier le tome 2 courant novembre, les tomes 3 et 4 sont rédigés et attendent une éventuelle réécriture, le tome 5 est entamé mais je bloque dessus car mes personnages en ont fait trop à leur tête et ça n’a plus rien à voir avec le squelette initial. Et puis j’ai mûri et certaines idées avec moi, donc certains points ont changé. J’ai besoin de reprendre toute l’histoire à partir du tome 3 et de recadrer certains personnages.

Mon blocage m’a amenée à poser sur papier les grandes lignes d’un autre projet (un one-shot cette fois-ci). Pour me changer les idées et couper franchement avec ma saga, j’ai eu envie de faire des recherches pour ce nouvel univers et je me suis prise au jeu. L’histoire s’est construite toute seule et en très peu de temps. J’ai enchaîné en posant un plan très précis (une première pour moi) et j’ai commencé à écrire. J’en écris un peu tous les jours, l’inspiration me vient vraiment toute seule, car l’histoire est bouclée et ne dévie pour le moment pas. Je suis bientôt à la moitié de mon premier jet.

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