Interview : Alex Sol

Alex Sol est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Imaginaire

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?

J’ai découvert le prix sur les réseaux sociaux, je l’ai donc noté et ai tenté ma chance à l’ouverture des candidatures. Je me suis dit « qui ne tente rien n’a rien » et je trouvais vraiment géniale l’idée de donner leurs chances aux auteurs « inconnus ».

Lorsque j’ai reçu le mail de sélection, je n’ai pas compris, j’ai cru que mon texte avait juste été qualifié, c’est après en voyant la couverture de Mirial sur Facebook que j’ai compris ! J’ai donc eu deux ascenseurs émotionnels haha !

C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Mirial, son livre en lice !

Vous écrivez depuis 2019 et vous êtes déjà l’autrice de dix romans. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?

J’ai commencé à écrire à l’âge de 11 ans en découvrant le monde de la fanfiction, j’adorais pouvoir réinventer les romans qui m’avaient plu, leur donner une autre fin, ou tout simplement écrire la suite que j’aurais aimé lire. Depuis, je n’ai jamais arrêté. Lors de la publication de mon premier roman, j’avais déjà terminé deux autres livres. Depuis un an, je suis à temps plein en tant qu’écrivaine.

Vous parlez d’autisme « Asperger » à votre sujet et l’utilisez comme pilier pour bâtir des personnages de fiction, là où d’autres auteurs préfèrent l’autobiographie (Olivier Liron, Joseph Schovanec… ). Quel est le rôle de l’écriture dans votre vie ?

Écrire des romans avec des personnages autistes c’est les porter devant un « grand public », c’est présenter ces caractéristiques aux lecteurs sous un nouveau jour. C’est aussi la possibilité pour moi de casser les stéréotypes souvent mis en avant par Hollywood pour apporter un trait comique ou tragique. Pour moi, écrire est un acte presque quotidien. J’ai besoin de donner vie aux histoires qui se déroulent dans ma tête. En les écrivant, je leur donne vie et je les termine. Si je ne les écris pas, leurs fins restent en suspens et c’est très irritant pour moi.

Mirial rend hommage à Georges Orwell et 1984. Il fait également penser à la série Dark Angel. Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel.le. s auteur. e. s vous sentez-vous proche ?

Je lis beaucoup et dans des genres très diversifiés. La science-fiction est un genre que j’aime vraiment beaucoup et Georges Orwell a été un de mes auteurs préférés lorsque j’étais adolescente, j’ai aussi beaucoup lu Philip K. Dick. J’ai été très amusée de voir la comparaison avec Dark Angel, j’adorai cette série lorsque j’étais plus jeune et je n’y avais pas pensé depuis des années ! Elle a laissé une empreinte sur moi plus forte que je ne le pensais.

Je lis aussi beaucoup de thrillers, j’aime beaucoup Maxime Chattam, Franck Thilliez et bien sûr Stephen King.

Parlez-nous de votre processus d’écriture. Êtes-vous une autrice architecte qui planifie tout, ou une autrice jardinière qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?

Un mélange des deux. Je sais où je vais, je connais ma fin et les différentes étapes de l’aventure, mais parfois je me surprends moi-même parce que ce que j’avais prévu à la base ne concorde plus vraiment avec les premiers évènements de l’histoire. Je réécris donc des passages jusqu’à être satisfaite. Je compare souvent ma manière d’écrire à un puzzle où il faut emboîter les pièces.

Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?

Oui, beaucoup. J’ai toujours un cahier dans mon sac pour noter des idées. J’aime particulièrement raturer une phrase pour la réécrire en entier. Mon problème cependant, c’est que j’écris très mal et parfois je peine à me relire.

J’ai aussi souvent besoin d’écrire et de dessiner les plans de mes romans. J’ai de grandes feuilles de papier dans mon bureau où je trace les intrigues en y rajoutant stickers, post-it et ratures ! Je suis quelqu’un de très visuel, j’ai besoin de voir ce que je vais écrire par la suite.

Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?

Beaucoup !! J’en ai pour chaque roman, mais aussi pour des moments particuliers comme des scènes de famille, de joie, des scènes d’action, des scènes de deuil, etc. J’ai aussi plusieurs playlists de bruits ambiants qui me permettent d’accroître ma concentration.

Parlez-nous de Mirial. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?

Je me suis posé une question : « et si nous vivions pour toujours, est-ce que nous nous ennuierions ? ». Puis de cette question en est venue une autre « Comment ? ». C’est ainsi que le sérum Mirial, source d’éternité, est né. Puis « Pourquoi », pourquoi en serions-nous venus à l’inventer ?  Quels travers de nos sociétés seraient restés ? Quels autres auraient disparu ? Comment les personnes riches vivraient l’éternité ? Et les plus pauvres ? Une personne préservée par le Mirial à 25 ans aurait-elle plus d’avantages qu’une personne préservée à 85 ans ? Quelle serait la place de la religion ? De la politique et de l’économie ? Et puis, si Dioscuri était capable de créer le Mirial, de quoi d’autre serait-elle capable ? J’ai voulu répondre à ces questions.

Votre livre relève à la fois de la littérature de l’imaginaire et du roman noir. Les frontières entre genres littéraires n’existent-elles que pour être dépassées ?

Chaque histoire est unique. Certaines rentrent dans le cadre d’un genre, d’autres non. Pour moi, Mirial rentre pleinement dans la science-fiction. Nous retrouvons une intrigue née des innovations scientifiques qui ont eu lieu sur Dioscuri. Je lis beaucoup de thrillers et c’est un genre dans lequel je m’épanouis pleinement en tant qu’écrivaine, il fallait donc que j’apporte cette dimension à cette histoire.

Pour ce qui est de dépasser les frontières, oui, bien sûr, en tant que lectrice j’aime être surprise. Je pense aussi qu’il faut bien connaître les genres et les frontières pour maitriser cet exercice.

L’histoire du Mirial et de l’immortalité qu’il confère relève-t-elle du mythe intemporel, ou d’un risque qui guette notre société en particulier ?

L’espérance de vie de notre espèce ne cesse d’augmenter, nous repoussons les frontières de la mort et de la vieillesse. La jeunesse est constamment mise en avant, dans les médias, mais aussi dans la vie de tous les jours. Il n’y a qu’à voir les publicités qui nous entourent ou les couvertures des magazines.

Cependant, même si des recherches sont effectuées pour ralentir le vieillissement et la dégénération cellulaire, je doute que nous arrivions un jour à créer un sérum comme le Mirial. Les répercussions seraient d’ailleurs catastrophiques et ne feraient que creuser les écarts de pauvreté et de richesse. Sans parler de l’explosion démographique.

Vous avez déclaré que Mirial vous avait « pris un an de votre vie ». Avez-vous voulu passer un message en l’écrivant ?

Comme pour tous les romans de dystopie, Mirial présente une réalité alternative en apparence idyllique, plus de vieillesse, plus de maladie, une terre en apparence pacifique, mais la réalité et les tourments de ce monde rattrapent vite le lecteur. Pourquoi y a-t-il autant de parjures ? Peut-il y avoir de la richesse sans pauvreté ?

Depuis que je suis enfant, l’idée de vieillir et de mourir m’effraie. Avec Mirial, j’ai voulu pousser ma réflexion sur l’éternité et ses conséquences étaient pour moi très cathartiques.

Illustration de l'écriture d'un livre

Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?

L’auto-édition me permet de mener mes projets de bout en bout sans avoir à sacrifier un ou plusieurs éléments de ma vision. Je choisis les partenaires avec qui je travaille, mes mises en page, mes couvertures, je gère mes réseaux sociaux et interagis directement avec mes lecteurs. Je suis entrepreneur et j’aime ça. Cela me permet de diversifier mes activités. Bien sûr, tout gérer signifie aussi tout payer, et il me faut parfois jongler en fonction des mois. Il y a cependant des dépenses que je n’ai pas à faire, comme le graphisme de mes couvertures (j’en réalise 80 %) et les mises en page que je fais seule. Aujourd’hui, après trois ans, je me consacre à temps plein à l’écriture.

Avec une maison d’édition, je pourrais me consacrer plus à l’écriture, je n’aurais pas de frais à avancer, mais je toucherais aussi moins d’argent. Je devrais probablement avoir un autre travail à côté pour pouvoir continuer.

Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?

Il y a les classiques, publicités, réseaux sociaux, dossiers de presse, mais je pense que le meilleur moyen reste toujours le bouche-à-oreille. C’est pour cela que je reste accessible et à l’écoute de mes lecteurs. Je vais aussi en salon du livre, en séance de dédicace. Cela est parfois difficile, car la foule m’angoisse, mais le résultat est vraiment intéressant, je rencontre beaucoup de lecteurs qui ont souvent déjà lu un de mes livres ou qui reviennent plus tard. Parfois j’ai des discussions débat sur tel ou tel livre, ou tel ou tel film. J’aime beaucoup ces moments.

Sur votre site, vous annoncez plusieurs projets d’écriture en cours. Mirial se termine sur une véritable fin, mais on peut aussi imaginer une suite puisqu’on entrevoit une société que vous pourriez développer : y songez-vous ?

Beaucoup de lecteurs m’ont demandé une suite ou une histoire parallèle à celle de Léna. Je dois avouer que leurs propositions ont attisé ma curiosité et mon imagination. Je pense à un recueil de nouvelles avec des histoires ayant lieu avant, pendant et après celle du roman. Peut-être un jour.

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