Interview : Magali Collet

Magali Collet est en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus, dans la catégorie « littérature noire ». Sa réaction quand elle a su qu’elle était sélectionnée pour le Prix :

portrait de l'auteure : Magali Collet

Lorsque j’ai appris que La cave aux poupées avait été sélectionné, j’ai, dans un premier temps, eu du mal à y croire. Puis j’ai été heureuse et flattée, bien entendu. Mon livre étant sorti quatre jours après le début du premier confinement, en France, je n’ai pas pu beaucoup échanger à son sujet ni le présenter. Savoir qu’il avait pu, malgré tout, trouver ses lecteurs m’a fait plaisir.

C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de La cave aux poupées, son livre en lice !

Avant d’écrire, vous venez de la musique et d’une famille de musiciens. Quelle place occupe la musique pour vous ? La cave aux poupées est votre premier roman, comment êtes-vous venue à l’écriture ?

Je viens effectivement d’une famille de musiciens : mon père est saxophoniste, ma mère, chante et jouait du piano dans sa jeunesse.  Mon frère et moi avons donc, tout naturellement, pris des cours d’instruments. J’ai une formation de pianiste classique et je chante également. Mon frère quant à lui, est devenu musicien professionnel. Nous nous retrouvons deux fois dans l’année, en famille, pour jouer ensemble.

Mes deux grand-mères sont issues de milieux très modestes. Ma grand-mère paternelle était cuisinière à l’hôpital à la Martinique et ma grand-mère maternelle était servante. Elle ne savait ni lire ni écrire.

Ma mère est l’écrivain de la famille. C’est elle qui, la première, a franchi le pas. Elle a écrit quatre livres. Un livre qui parle des origines de la musique antillaise, et trois romans. La voir écrire m’a aidée.

Pour ma part, j’ai composé quelques musiques pour piano et écrit quelques paroles de chansons qui sont restées, pour la plupart, dans mes tiroirs. Certains de mes anciens textes ont été mis en musique par mon frère (il y a longtemps).

Lorsque je me suis mise à écrire, j’ai commencé par des poèmes. Je me suis inscrite sur un site spécialisé (la passion des poèmes) et j’y ai posté mes premiers textes. Je me suis alors intéressée à la syntaxe, à la ponctuation et aux formes fixes de la poésie. Après quelque temps, je me suis initiée à la nouvelle littéraire. En fait, en y pensant, La cave aux poupées est une nouvelle littéraire qui a beaucoup grandi.

Y a-t-il des auteurs ou des autrices dont vous vous sentez proche ?

Je ne pense pas être inspirée par tel ou tel auteur et il me semblerait présomptueux de me comparer à tel ou tel autre. Il y a des auteurs que j’admire, dont j’aime le style : Olivier Norek, Annie Walker, Kathryn Stockett, Donato Carrisi.

Parlez-nous de La cave aux poupées. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?

J’ai été, comme beaucoup, marquée par l’histoire d’une enfant autrichienne, Natascha Kampusch. Elle a été séquestrée durant huit ans par un ravisseur. Ce fait divers m’a interpellée et a, je pense, nourri mon inconscient.

 

Avez-vous fait des recherches sur les histoires de séquestration ?

Je n’ai fait aucune recherche. En effet, je ne me suis pas dit, « bon, aujourd’hui, je vais commencer à écrire un roman ». J’ai souhaité écrire une histoire, une simple histoire et j’ai tapé les mots sur mon ordinateur en me basant du point de vue de mon héroïne.

Avez-vous un endroit spécifique consacré à l’écriture, avez-vous des rituels, notamment pour vous permettre de passer de votre quotidien à l’univers extrêmement sombre et oppressant de votre roman ?

J’ai besoin de silence, ou, tout du moins, d’être dans une bulle, ce qui réduit grandement ma fenêtre d’écriture. En effet, je n’ai pas de pièce dédiée, pas de bureau, excepté un espace d’un mètre de large dans le salon, coincé entre le piano et la baie vitrée. Il m’est donc pratiquement impossible d’écrire en journée. J’écris donc souvent de nuit.

J’ai écrit La cave aux poupées à une période durant laquelle je souffrais d’insomnies. Écrire était, pour moi, une façon d’occuper ces heures.

Malgré l’horreur que vous décrivez, les lecteurs soulignent le fait que vous procédez par suggestion et avez plutôt travaillé le côté psychologique. Est-ce pour mieux marquer les esprits ?

Il n’y avait pas d’envie de marquer les esprits dans la mesure où j’ignorais même que je serais publiée. J’ai cherché à écrire ce que j’aime lire : des ambiances, des atmosphères, des ressentis plus que des descriptions.

En vous lisant, on pense à la phrase de Stephen King : « Nous nous réfugions dans des terreurs pour de faux afin d’éviter que les vraies nous terrassent, nous gèlent sur place et nous empêchent de mener notre vie quotidienne ». Est-ce ce que vous recherchez, ou ce que vous voulez offrir à vos lecteurs ?

Ce que je souhaite offrir à mes lecteurs, ce sont des moments de frisson. De ceux, qu’adolescents, on aime éprouver lorsque, entre amis, on joue à se faire peur en se racontant des histoires effrayantes. C’est ce que j’aimais faire lorsque j’étais jeune et c’est ce que j’aimerais que l’on ressente à la lecture de mes écrits. De la peur, des émotions, mais la certitude à la fin que « c’était pour de faux ».

Vous revendiquez une « sensibilité à la cause des femmes ». Comment La cave aux poupées la sert-elle ?

Je ne sais pas si La cave aux poupées sert la cause des femmes, mais ce qui est certain c’est que j’ai une admiration pour les femmes ; les femmes de ma famille tout particulièrement. Elles ont, malgré leurs vécus, une capacité de résilience et une force à toute épreuve. J’aime l’idée qu’une femme puisse être décidée, forte, passionnée, méchante, voire horrible. La femme n’est pas une petite chose fragile et aucune des femmes de mon roman ne l’est.

Logo de la maison d'édition : Taurnada

La cave aux poupées est édité chez Taurnada. Comment avez-vous rencontré votre éditeur ? Avez-vous envisagé de passer par l’auto-édition ?

Les plus belles rencontres sont souvent dues au hasard. Lorsque j’ai fait lire mon manuscrit à des amies, elles m’ont conseillé de le soumettre à des éditeurs. J’ai donc tapé « éditeurs » dans mon moteur de recherche et l’ai envoyé en plusieurs salves.

Les éditions Taurnada m’ont contactée au bout de quelques semaines. Nous avons échangé au téléphone, avec Joël et Patricia et le feeling est passé. J’ai tout de suite accroché. Une seconde maison d’édition m’a répondu peu après, mais dans ma tête, tout était clair. C’était avec les éditions Taurnada que je voulais signer. Je n’ai pas envisagé de passer par l’auto-édition, par méconnaissance du système.

Que mettez-vous en place avec votre éditeur pour être un peu moins inconnu ?

Les éditions Taurnada communiquent beaucoup sur les réseaux sociaux. J’ai pu participer à quelques salons et à des séances de dédicaces. Je suis loin d’être rompue à l’exercice ; en effet, c’est mon premier roman, sorti quatre jours après le premier confinement (2020). A ce moment-là, tous les salons, tous les événements ont été supprimés ou reportés. Je trouve qu’il est important d’aller à la rencontre de ses lecteurs. C’est quelque chose que j’aime.

Les yeux d’Iris doit sortir en novembre 2021. S’agit-il d’un roman dans la même veine que La cave aux poupées ?

Je risque de surprendre ceux qui attendent un « La cave aux poupées » bis. Les femmes seront, là aussi, en première ligne, mais il ne s’agira ni d’enlèvement, ni d’un huis clos.  Les yeux d’Iris parle d’amitié. Deux femmes et un homme vont se retrouver après des années de séparation afin d’honorer une promesse qu’ils se sont faite. On dit souvent à ses amis qu’ils pourraient tout nous demander. Et s’ils le faisaient vraiment ?

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