Interview : Mélodie Ambiel

Mélodie Ambiel est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Romance

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?

J’ai découvert l’existence du Prix des Auteurs Inconnus grâce à instagram et j’ai tout de suite été sensible à son ambition d’offrir de la visibilité aux auteurs moins connus, notamment aux auto-édités. Je trouve cela important de montrer qu’il existe des pépites dans toutes les strates de l’édition.

J’ai, évidemment, été très heureuse d’apprendre que mon roman avait été retenu parmi les cinq finalistes de ce Prix. J’ai relu trois fois le mail pour être sûre de ne pas rêver ! Je suis fière d’avoir suscité l’intérêt des membres du jury avec mon texte. J’espère que cela donnera envie à d’autres lecteurs d’oser l’auto-édition !

C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Jusqu’à la nuit des temps, son livre en lice !

Jusqu’à la nuit des temps est votre premier roman. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?

J’ai commencé à écrire à l’âge de 12 ans, quand j’ai lu Harry Potter de J.K. Rowling. Depuis, l’écriture fait partie de moi : c’est une évidence. Je suis née pour ça. Sans l’écriture, je suis comme un oiseau sans ailes. Au début, j’écrivais uniquement des histoires fantasy, mais avec les années et mes études littéraires, je me suis également tournée vers l’anticipation et la littérature.

Vous êtes professeure de français. Est-ce que vous le vivez comme un atout pour écrire de la fiction ?

Je pense qu’avoir fait des études de lettres est un atout et une malédiction pour écrire. D’un côté, cela m’aide à mettre mon histoire en mots ; et d’un autre côté, plus on connaît les grands textes et les grandes règles, plus on est exigeant avec soi, plus on travaille et retravaille ses écrits. Je peux passer des heures à me questionner sur la place d’une virgule… Et j’ai mis cinq ans pour écrire Jusqu’à la nuit des temps comme je voulais. Ce que j’écris ne me semble jamais assez bien, jamais suffisant. Je rêve toujours de faire mieux, d’atteindre une forme de perfection. Écrire, n’est donc pas plus simple pour moi, c’est peut-être même le contraire. Mais sans mon amour pour la littérature et les subtilités du style, je n’aimerais pas autant écrire. Alors je ne regrette rien.

Le petit Prince est votre source d’inspiration affirmée. D’une manière générale, de quel·le·s auteur·e·s vous sentez-vous proche ?

Je me sens proche d’auteurs comme Baudelaire, Cohen, Cocteau, Beckett, Barjavel, Racine. Mes véritables muses, ce sont eux. Leur plume poétique, dont je ressasse inlassablement la mélodie, alimente mes mots. J’ai d’ailleurs glissé la liste de tous les auteurs qui me fascinent et m’inspirent dans mon roman… à la page 34.

Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous une autrice architecte qui planifie tout, ou une autrice jardinière qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?

Je suis une autrice jardinière : mes idées germent au fur et à mesure de l’écriture. Souvent, je m’installe devant la page blanche de mon ordinateur, sans aucune idée, puis, j’écris une phrase et une autre, jusqu’à aboutir au passage qu’il fallait écrire et que je ne savais pas qu’il fallait écrire. En revanche, j’ai toujours le début et la fin de l’histoire. Si l’on ne sait pas d’où l’on part et où l’on va, on ne peut pas faire passer un message, et je n’écris jamais dans le vide. Je veux toujours dire quelque chose, au-delà des rebondissements de l’histoire.  

Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?

J’écris tous mes textes directement à l’ordinateur. J’ai d’ailleurs une vitesse de frappe qui suit parfaitement l’émergence de mes pensées et idées ; allure que je ne pourrais pas suivre en écrivant à la main. De plus, je passe beaucoup de temps à remanier mes phrases, rajouter une virgule, supprimer un mot ou inverser des phrases… Tout cela deviendrait illisible sur un carnet. Pourtant, j’ai des dizaines de carnets dans lesquels je note mes idées. Il y un carnet pour chacune de mes histoires. Cela me permet de laisser reposer certains romans durant des années avant de les reprendre le moment venu. 

Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?

J’écris toujours en musique, j’ai donc une playlist dédiée à chaque roman, à chaque histoire. Je fais toujours correspondre l’ambiance de ce que j’écoute en boucle à la scène que j’écris. Les lecteurs curieux peuvent retrouver la liste de ce que j’ai écouté pour écrire Jusqu’à la nuit des temps sur ma chaîne youtube : Mélodie Ambiel Autrice.

Parlez-nous de Jusqu’à la nuit des temps. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?

Cette histoire s’est imposée à moi lorsque j’ai découvert le thème du « Prix des Tendons du style » en 2017 : le sacrifice. Je l’ai d’abord mis en mots sous la forme d’un mini-roman qui a été le lauréat de la catégorie adulte en 2018. Je pensais en avoir fini avec cette histoire, mais je n’arrivais pas à me plonger totalement dans un nouveau récit. Je continuais d’être hantée par mes personnages : Nathaniel et Isallys. Je n’avais pas dit tout ce que j’avais à dire sur eux et leur grande histoire d’amour. J’ai alors décidé de la réécrire complètement. Le titre « Jusqu’à la nuit des temps » fut une évidence, pour le clin d’œil à La nuit des temps de Barjavel, et le message que je voulais transmettre à travers mon récit.

Couverture du roman Jusqu'à la nuit des temps
On y voit les silhouettes dorées d'un homme et d'une femme sur le point de s'enlacer sur un fond étoilé

Un de vos personnages est une intelligence artificielle. Fiction, ou réalité ? Les algorithmes sont-ils en passe de diriger nos vies ?

Mon intelligence artificielle, Sira, est à la limite entre réalité et fiction puisqu’elle est inspirée de l’application Siri. Dans le monde futuriste de mon roman, elle est devenue la maîtresse absolue de notre bonheur et de nos choix. Je crains malheureusement que les algorithmes ne soient sur le point de prendre le contrôle de nos vies dans les années à venir puisque nous recherchons avant tout l’efficacité, la sécurité, la certitude et le bonheur à tout prix. L’intelligence artificielle sera la solution à toutes ces problématiques. Pour nous éloigner du monde que j’ai dépeint dans Jusqu’à la nuit des temps, il faudrait replacer l’humain au centre de nos vies, l’humain avec ses forces et ses faiblesses, ses joies et ses peines. Saurons-nous le faire ? Je l’espère. C’est ce que j’appelle à faire dans mon roman.

Comment l’amour peut-il déjouer un destin prédit par des méthodes mathématiques ?

C’est toute la question de mon roman : l’amour pourra-t-il déjouer le destin écrit par des algorithmes pouvant prédire notre bonheur futur ? Je crois que la réponse vient de la nature imprévisible et incontrôlable du grand amour, mais pour en savoir plus, il faudra lire l’histoire de Nathaniel et Isallys !

Depuis les flèches de Cupidon dans l’antiquité ou l’histoire de Tristan et Iseut au Moyen-Âge, les humains jouent avec l’idée que l’amour pourrait être provoqué à l’insu des amants. Avez-vous voulu moderniser un mythe ?

Oui, j’ai voulu proposer une vision contemporaine de l’histoire d’amour de Tristan et Iseut. En lisant ce roman, j’ai été fascinée par le filtre d’amour qui rend amoureux ces deux amants maudits. Je me suis toujours interrogée sur la réalité de la passion qui les animait puisqu’elle avait été causée par la magie. Dès lors, Tristan et Iseut étaient-ils vraiment amoureux ? L’auraient-ils été sans le filtre ? Et cette question m’est revenue en écrivant mon roman qui, par bien des aspects, réécrit l’histoire de Béroul. Ainsi, le filtre de Tristan et Iseut apparaît dans mon roman sous la forme moderne des pilules, avec la grande question qui traverse tout mon récit en filigrane : le bonheur apporté par une pilule est-il réel ? On peut aisément deviner que ma réponse est « non ». Le bien-être apporté par des médicaments est, selon moi, une illusion. C’est ce que j’essaie de prouver à travers mon récit.

Illustration de l'écriture d'un livre

Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?

J’ai choisi l’auto-édition afin d’être libre d’écrire chaque mot de mon texte comme je le souhaitais. C’était important pour moi de pouvoir délivrer le message qui me tenait à cœur sans aucune contrainte. Je voulais également sortir mon roman l’année des 75 ans du Petit Prince, en hommage, et ne pouvais pas attendre la réponse d’une maison d’édition. L’avantage de l’auto-édition est de pouvoir s’occuper de son livre comme une mère de son bébé : avec tout l’amour et toute l’attention qu’il mérite. C’est un réel plaisir de pouvoir choisir la couverture, la mise en page et ensuite la façon dont on va mettre en avant son roman. Bien sûr, les inconvénients sont le temps que la « promotion » vole à l’écriture du roman suivant et la difficulté de se faire une place en librairie. Néanmoins, je pense que le succès de l’auto-édition ne se fait pas en librairie, mais sur Amazon. Sans maison d’édition, il est impossible pour un auto-édité d’être réellement mis en avant dans les rayons des librairies, et si un libraire accepte de jouer le jeu, cela restera une librairie dans toute la France. J’ai personnellement choisi de me concentrer sur les réseaux et Amazon pour mes ventes, tout en réservant des jours de dédicace en librairie (Cultura et Charlemagne en priorité), ce qui me semble être la meilleure stratégie à adopter en tant qu’auto-éditée. Il faut ainsi faire le deuil des librairies lorsqu’on choisit l’auto-édition !

Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?

Je m’efforce de me faire une place sur les réseaux sociaux, notamment instagram, réseau pour lequel je viens d’avoir un coup de cœur. J’ai également lancé ma newsletter « Le journal d’une autrice (in)connue » pour partager mes déboires d’autrice, mon avancée, mes connaissances littéraires et mes réussites. Mon site internet melodieambiel.com m’offre aussi une belle vitrine. Mais j’espère avant tout faire de belles rencontres et créer des liens avec d’autres amoureux des mots.

Jusqu’à la nuit des temps est votre premier roman, mais auparavant, comme vous l’avez souligné, vous avez été lauréate du « Prix des Tendons du style » et coup de cœur du Centre Méditerranéen de Littérature. Parlez-nous de ces expériences : qu’est-ce qu’elles changent dans le parcours d’une autrice ?

Avoir été lauréate du « Prix des Tendons du style » et coup de cœur du Centre Méditerranéen de Littérature pour mon mini-roman « La Tempête des cœurs » fut une immense fierté pour moi, et un véritable bonheur. Je crois que c’est à partir de ce moment-là que je me suis autorisée à me penser « auteur ». J’ai appris beaucoup en écrivant ce premier mini-roman. Ce genre d’expérience apporte une plus grande confiance en soi et l’espoir de croire en ses rêves. Grâce à cette distinction, j’ai gagné, à mes yeux, en légitimité et j’ai trouvé le courage de publier mon premier roman en auto-édition. Je suis très reconnaissante pour cette incroyable aventure que j’ai eu la chance de vivre.

Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?

Je viens d’auto-éditer un carnet de pensées inspirantes pour les hypersensibles en collaboration avec l’illustratrice Laure C. Ellis. Nous sommes très fières d’offrir mes pensées inspirantes et ses dessins poétiques à toutes les âmes sensibles pour les aider à mieux vivre avec leur hypersensibilité !

Pour suivre l’actualité de Mélodie Ambiel,  rendez-vous sur :

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