Laurent Buchheit est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Littérature blanche
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionné ?
Ce fut ma maison d’édition qui m’a contacté.
Pour ma part, j’ai été très surpris, par ailleurs je le suis toujours.
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Sauter dans les flaques, son livre en lice !
Sauter dans les flaques est votre premier roman, et il est autobiographique. Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Une longévité dans la souffrance n’est rien d’autre qu’une mort à très petit feu. Je me devais de raconter mon histoire. Un homme sans rêve ne peut pas vivre. Je me devais d’écrire, pour effacer ce qui me rongeait, pour corriger cette vie, ma vie.
Vous parlez de l’aide de René Manzor. Comment vous êtes-vous organisé avec lui ?
Nous nous sommes croisés par hasard, une première fois sur le tournage d’un de ses films (Meurtres en Lorraine), où j’ai fait une chute. Ce jour fut pour moi le début d’une grande aventure. De cette chute est né un roman. En quelque sorte, c’est un conte de fée ! René a fait de ce roman une affaire personnelle, avec bienveillance. C’est un homme extraordinaire, qui propose son aide aux jeunes auteurs, avec des séances de coaching. D’ailleurs, j’encourage les jeunes auteurs à prendre contact avec lui.
Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous un auteur architecte qui planifie tout, ou un auteur jardinier qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?
Plutôt un jardinier des mots. Depuis un certain temps, je me mettais à écrire des petites phrases sur des post-it, que j’ai délicatement assemblés au fil du temps.
Le papier et le crayon ont donc une place importante dans votre travail !
Oui, tout a été écrit à la main.
Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?
Non.
Parlez-nous de Sauter dans les flaques. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
Depuis l’âge de sept ans, je savais que j’allais faire quelque chose. Mais je ne savais pas quoi. Je voyais les personnes vieillir autour de moi, dont ma mère de cœur, à qui je voulais en quelque sorte déclarer mon amour avant qu’il soit trop tard.
Votre roman est « une histoire vraie ». Comment la forme écrite se superpose-t-elle à l’expérience vécue, permet-elle une réparation ?
Il fallait mettre des mots sur des maux. Ne pas oublier, mais aussi, donner de l’espoir en écrivant avec le cœur.
Vous présentez votre livre comme engagé dans un combat. Pouvez-vous en dire plus ? Vouliez-vous qu’il soit plus particulièrement lu par certaines personnes ou certains organismes ?
Exactement, prochainement avec les collèges et lycées. Pour « désamorcer » ces enfants du silence, qui bien souvent se trouvent au fond de la classe comme moi j’ai pu l’être à leur âge.
Mon roman raconte mon histoire, écrite avec les expériences du passé, mais malheureusement, encore aujourd’hui, des enfants sont placés à droite et à gauche sans tenir compte de leur équilibre de vie. Hélas, nous sommes en 2022 et il reste encore beaucoup de choses à faire pour améliorer la loi. Pourtant, en France, 75 000 enfants sont confiés à des familles d’accueil. C’est un rouage méconnu, mais crucial, de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Mon livre le met en lumière, et je vous engage également à regarder le documentaire Une famille d’accueil diffusé en octobre 2021 sur France 2.
Ecrire un témoignage permet-il de nouer de nouveaux liens avec des personnes qui ont des itinéraires proches du vôtre ?
Oui, cela permet de mieux se comprendre : pour moi, mieux être compris, voire entendu ; et pour les familles d’accueil tels qu’elles sont présentées dans le documentaire, mon livre est un partage d’expérience et un hommage : j’ai été un de ces enfants et je le raconte sans rancœur et sans esprit de revanche.
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnu ?
Ça se passe du côté de mon éditeur, chez qui tout est parfaitement organisé. Mais depuis la sortie du roman, j’ai surtout, enfin, réussi à me libérer et à me reconnaître moi-même, sans cette honte que je supportais depuis longtemps.
Vous avez fait le choix d’arrêter votre récit à 17 ans, ce qui peut frustrer les lecteurs désireux de connaître la suite à l’âge adulte. Avez-vous prévu d’écrire une suite ?
Oui, une suite est prévue, et je vais continuer à travailler avec René Manzor. Une suite avec beaucoup de surprises !