M.G. Le Floch est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Romance.
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?
J’ai connu le prix grâce à Flavie du compte instagram @laromantiqueeperdue, l’une des chroniqueuses de l’an dernier que je suis sur Instagram. En me renseignant par la suite, je me suis rendu compte que l’un de mes romans rentrait particulièrement bien dans la catégorie romance, alors je me suis dis « pourquoi pas ».
Lorsque j’ai appris que j’étais sélectionnée, j’étais à la fois très contente et surprise car j’ignorais jusque-là si mon roman arriverait à se démarquer parmi toutes les candidatures.
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Les lumières d’hiver, son livre en lice !
Les lumières d’Hiver est votre deuxième livre, bien que vous n’ayez publié le premier que quelques mois auparavant. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?
J’ai toujours aimé inventer des histoires. Plus je lisais, plus j’avais de choses à raconter, d’histoires à faire vivre. Petite, je faisais passer tout ça par le jeu et en grandissant, j’ai commencé à écrire des bribes par-ci par-là, rien que j’aie mené au bout. Et puis, la bonne histoire, celle que j’avais envie de raconter, est arrivée, et même si je n’ai jamais terminé celle-ci, depuis, je n’ai jamais arrêté.
Vous mettez en scène des personnages de femmes fortes et vous dites passionnée par les combats des femmes. Etes-vous militante au travers de vos romans ?
Je pense que dans un sens, on peu dire ça, oui. Ce qui m’intéresse, c’est de transmettre les valeurs auxquelles je crois dur comme fer. Hermine et Edwige croient en leurs rêves, elles ne se laissent pas abattre par ceux qui leur disent qu’elles ne sont pas capables de le faire. Elles tiennent bon, elles font preuves de pugnacité ; c’est ce qui fait d’elles des femmes fortes et je pense qu’on devrait tous être incités à faire la même chose. Mon roman précédant se passe lui au 19ème siècle et l’héroïne souhaite vivre par elle-même, sans être catégorisé « femme de » ou « fille de ». Elle se bat pour des droits qui existent à peine à l’époque. Ce que je trouve intéressant, c’est que les situations font écho à ce que l’on vit aujourd’hui. Même si la situation a quand même bien évolué, il reste énormément de choses à revoir, surtout aujourd’hui où la société a tendance à revenir en arrière (sur l’avortement par exemple). Si ce genre de situation, de société, choque dans un roman qui se passe il y a deux siècles, ça doit choquer aujourd’hui aussi. Et c’est valable pour de nombreux autres combats pour l’égalité.
Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel·le·s auteur·e·s vous sentez-vous proche ?
Je puise dans tous les romans gothiques anglais, c’est d’ailleurs de là que vient ma passion pour les grandes et vieilles maisons ; mais mes sources d’inspiration habituelles sont assez différentes des Lumières d’Hiver. Ce roman est surtout un hommage à mon enfance. Avec mes sœurs et ma grand-mère, on a toujours aimé regarder les films et téléfilms aux histoires alambiquées qui mettent en scène de très sombres secrets de famille. Dans ce roman, même s’il y a des secrets, on est bien loin de certains scénarios de ce genre.
J’avais envie de retrouver cette ambiance de maison de campagne, maison de famille, l’été, en pleine canicule. Et puis, en ce qui concerne les années 1920, Downton Abbey y est pour beaucoup !
Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous une autrice architecte qui planifie tout, ou une autrice jardinière qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?
Je suis une autrice jardinière. Je planifie très peu, ça a tendance à me bloquer, j’ai l’impression d’être bridée. Alors j’ai le point de départ, certains grands événements et il peut arriver que j’aie aussi la fin de l’histoire, mais la plupart du temps, je suis la première surprise de ce qui se passe. Je me plais à croire que ce n’est pas l’histoire qui me surprend, mais les personnages. Ils me donnent les éléments qu’ils estiment nécessaires à l’instant T et puis ensuite ils me disent « oh, en fait, il se passe ça ».
Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?
J’utilise énormément le papier et le crayon. Toutes mes premières idées, souvent les premiers chapitres, je les écris sur des carnets. C’est une étape essentielle pour moi, j’ai l’impression que j’ai juste à poser la pointe du crayon sur le papier pour que l’histoire coule d’elle-même. C’est pour ça aussi que lorsque je commence à bloquer, je lâche mon clavier pour le carnet. Ça rend la chose plus intimiste, à mon sens. J’ai l’impression de redevenir une ado qui confie tout ce qui lui arrive à son journal intime, sauf que là je raconte la vie de mes personnages.
Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?
J’ai plein de playlists ! En général, j’essaye d’en faire une par roman, mais il ne faut pas toujours chercher de correspondance entre les musiques et le roman. J’ai besoin de musiques rythmées en général. Par exemple, pour Les Lumières d’Hiver, dans la playlist il y avait la B.O. du Dernier des Mohicans, Jette un sou au Sorceleur, Take me home, Country Road et Payphone des Maroon 5. Aucun rapport avec l’histoire, mais elles me parlaient à ce moment-là.
Parlez-nous de Les lumières d’hiver. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
J’étais dans une période où je lisais beaucoup de romans à double temporalité et beaucoup d’Agatha Christie et j’ai eu envie de mêler les deux. Pour l’enquête, je me suis facilement orientée vers les secrets de famille, c’était une évidence. Dans mes histoires inachevées, j’avais déjà le début d’une histoire similaire, mais je ne savais pas où aller avec. Alors j’ai décidé de reprendre les bases et de tout remodeler. Et ça a donné Les Lumières d’Hiver.
Une partie de votre roman se passe en 1923. Vous êtes-vous inspirée d’une histoire vraie ?
L’histoire d’Hermine qui se passe en 1923 est une invention du début à la fin. Je me suis bien évidemment inspirée des familles touchées par la Première Guerre Mondiale, de comment elles ont surmonté l’horreur qui les touchait, mais c’est tout. Je n’ai pas fait de recherches sur les faits divers de l’époque, je ne voulais pas m’approprier un drame bien réel avec des personnes qui ont bel et bien existé.
Avez-vous fait des recherches sur le contexte historique ?
J’ai fait énormément de recherches. C’est toujours une étape cruciale pour moi. J’ai besoin de m’immerger dans l’ambiance du roman et c’est encore plus nécessaire pour les romans historiques. Le moindre petit détail peut avoir son importance. Je me suis énormément renseignée sur la vie d’après-guerre, sur les métiers qu’il était possible aux femmes d’exercer à l’époque, sur ce qui se passait pour les orphelins et veuves de guerre… Même si tout ne se retrouve pas dans le roman, j’estimais toutes ces recherches nécessaires. Et bien sûr, j’ai fait énormément de recherches sur les voitures qui existaient à l’époque qui, pour moi, sont de véritables chefs-d’œuvre.
La thématique des secrets de famille semble vous tenir à cœur : en quoi est-ce un bon ingrédient pour une romance ?
Pour moi, les secrets de famille ajoutent tout de suite des tensions au sein de l’histoire, il peut s’agir de drames mais en même temps il est possible de les prendre avec du recul, de ne pas se sentir immédiatement concerné et donc c’est un bon moyen de jouer avec les sentiments des personnages. C’est ce qui en fait de bons ingrédients pour une romance. Même si tout se passe pour le mieux entre les personnages, cet élément de l’histoire va venir se glisser entre eux à un moment où un autre, les éloigner, les rapprocher. C’est à la fois un facteur intérieur et extérieur qu’aucun des personnages ne maîtrise. Il est totalement indépendant, ce qui le rend surprenant. Et c’est également un bon moyen de tester – et de renforcer – le lien entre les personnages. Ils doivent y faire face mais ils ne sont pas seuls et ils le savent, ce qui permet d’établir une relation de confiance.
Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?
J’ai découvert l’autoédition par le biais d’autres auteurs que je suivais sur les réseaux sociaux et en me renseignant, je me suis rendu compte que ça n’avait rien à voir avec ce qu’on pouvait voir avant. L’autoédition s’est professionnalisée, les romans sont corrigés, les couvertures sont aussi belles que pour des livres parus en maison d’édition, et j’ai été conquise.
J’avais déjà envoyé mon premier roman en soumission l’année précédente, mais il ne correspondait pas à ce qui paraissait et s’inscrivait dans plusieurs genres. Pour moi, l’autoédition était l’occasion de plonger dans le grand bain, de réellement être publiée (après un énorme travail de réécriture sur mon roman).
Les avantages de l’autoédition, c’est que l’on est libre de créer notre livre à notre image. On a le dernier mot sur tout. On a aussi une rémunération plus haute qu’en maison d’édition et ça, quand on a le but d’en faire son métier à temps plein, ce n’est pas négligeable. Après bien sûr, il y a des inconvénients, notamment sur le coût de fabrication. Il faut investir pour la correction et la couverture si on veut que le roman fonctionne – ce qui est logique. On peut aussi se sentir lésé par rapport à un auteur en maison d’édition au niveau de la communication. Là où une maison d’édition a déjà un public établi, lorsqu’on se lance en autoédition, il faut partir de zéro. Mais ça se fait, c’est réalisable et possible.
L’important c’est de ne pas mettre les différences façons de s’éditer en concurrence les unes avec les autres. Ce qui convient à certains ne convient pas à d’autres et vice-versa, chacun son choix. Il ne faut pas croire que l’autoédition est un choix par défaut, au contraire. Il faut tenir le rythme derrière et ce n’est pas toujours facile.
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?
Je sors des romans. Je me suis fait une grosse année en 2022 avec quatre sorties de romans et dans des genres différents. J’adore changer de registre et c’est l’occasion de le faire, de s’ouvrir à d’autres milieux littéraires, de découvrir un nouveau lectorat et d’être connue de ce lectorat. Et je me dis que plus mon nom apparaîtra, plus j’aurai de chances d’être moins inconnue.
J’essaye aussi d’améliorer ma communication. En tant qu’autrice auto-éditée, j’ai toutes les casquettes à la fois et donc je dois m’atteler moi-même à la communication, la créer de A à Z et c’est cela le plus compliqué. Il faut trouver les bonnes idées, celles qui toucheront le plus les personnes qui nous suivent. J’ai suivi énormément de formations traitant de la communication des auteurs, qui disent tout et leur contraire et il est très dur de réussir à trouver les informations pertinentes, celles qui nous concernent réellement nous, car c’est cela le plus important – et aussi le plus dur. Il faut réussir à se montrer réellement, à être authentique pour éviter de tomber dans la masse et pour que les lecteurs s’intéressent déjà à nous pour ensuite s’intéresser à nos romans.
J’ai aussi commencé à parler de romans sur mes différents réseaux sociaux. Les romans que je lis, ceux que j’aime, et pas uniquement de ceux que j’écris. Pourquoi ? Parce qu’en général notre audience est majoritairement constituée d’autres auteurs et qu’ils ne vont pas forcément nous lire. Or, le but est d’attirer les lecteurs et pour ça, il faut leur parler de ce qu’ils aiment. On ne peut pas leur demander de prêter attention à nos sorties si nous on ne s’intéresse à ce qu’ils aiment, à ce qu’ils attendent. Il faut avant tout créer du lien avec eux pour leur donner envie de nous connaître nous et ensuite nos romans.
Je me diversifie aussi sur les différents supports de communication. Le principal pour moi reste mon compte Instagram, mais j’ai aussi un compte Facebook (qui est nettement moins alimenté) et un site internet. J’ai également tenté la newsletter (qui a été pour moi un échec) et depuis cet été, je suis sur TikTok. Chaque support attire différentes personnes, il ne faut donc pas en négliger car c’est le risque de passer à côté d’une cible qui pourrait être la nôtre.
Vous avez déjà été finaliste du prix du Roman Romantique 2021, pour Les lumières d’Hiver. Parlez-nous de cette expérience ! Qu’est-ce que cela change dans le parcours d’un auteur ?
Ça a surtout changé ma façon de voir mon écriture. J’avais tenté le prix du Roman Romantique sur un coup de poker, en me disant pourquoi pas. Je voulais me mettre un objectif pour terminer ce roman et le prix du Roman Romantique est arrivé à ce moment-là. Honnêtement, lorsque j’ai appris que j’étais finaliste, je n’y croyais tout simplement pas. Il y avait eu énormément de manuscrits envoyés et seulement cinq finalistes. Que le mien ait été retenu était vraiment une énorme surprise. C’est à ce moment là que je me suis dit que finalement mon rêve de devenir autrice publiée, d’en vivre, était accessible. Ça m’a donné une énorme confiance en moi vis-à-vis de mes écrits et quand je doute, j’y repense et ça me porte plus loin.
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
J’ai toujours plein de projets en tête ! En ce moment, je travaille sur trois projets en parallèle : la correction d’une nouvelle romance historique qui sortira au mois de novembre, l’écriture d’un roman de fantasy très sombre et une ébauche de roman gothique qui, je l’espère, fera frissonner.
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