Emmanuelle Schaedelé Giroire & Caroline Gaynes sont sélectionnées pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Littérature blanche.
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnées ?
Présentes sur les groupes d’auteurs / lecteurs, nous avions découvert votre prix l’an passé.
C’est Emma qui a suggéré à Caroline d’y participer.
Nous sommes convaincues de la pertinence de faire découvrir de nouveaux auteurs. Alors nous nous sommes lancées.
A la découverte du mail, nous étions surprises car nous n’avions pas été sélectionnées en premier lieu. Mais nous étions surtout enchantées !
C’est parti pour une interview autour de leurs parcours, de leurs œuvres, et de Il faut toujours se dire au revoir, leur livre en lice !
Emmanuelle, vous êtes l’autrice d’un livre et Caroline, d’une dizaine. Comment êtes-vous l’une et l’autre venues à l’écriture ?
Pour Emma, l’histoire d’amour avec les mots remonte à la plus tendre enfance. Des poèmes, des témoignages, des cérémonies, des événements familiaux, c’est sous ma plume que les amis et famille se sont souvent réfugiés.
Caroline : J’ai toujours aimé lire et un jour après la lecture d’un roman, je me suis dit pourquoi ne pas essayer d’écrire une histoire à mon tour. J’ai ouvert une page blanche et je les ai noircies au fur et à mesure. Une passion est née depuis ce jour.
Il faut toujours se dire au revoir est un roman signé par deux autrices : l’une avec l’expérience de l’écriture, et l’autre, avec le vécu d’un drame. Comment en êtes-vous venues à écrire ensemble ? Comment en avez-vous organisé l’écriture à deux ?
Emma : Nous nous sommes connues il y a quinze ans, sur notre lieu de travail commun. Nous ne collaborions pas directement mais nous nous entendions bien. Probablement car nous avons les mêmes valeurs de partage et de bienveillance envers les autres.
C’est moi, Emma, qui ai eu cette envie de partager mon histoire pour aider les autres à cheminer. Mais partager sa propre expérience n’est pas aisée. Alors l’idée de se faire accompagner pour savoir par où commencer m’est venue naturellement, Caroline fut un guide. Elle qui écrit depuis longtemps a trouvé la bonne dynamique pour permettre me d’y aller, d’oser !
Caroline : J’ai rencontré Emma il y a de nombreuses années (elle est plus douée que moi sur les dates). Nous avons chacune fait nos vies. Un soir, j’ai reçu un message sur Messenger, Emma m’a fait part de son désir d’écrire son histoire qui m’avait touchée au moment du drame. Elle m’a demandé si je pouvais l’aider à l’écrire. Et tout naturellement, nous avons commencé à nous appeler. Emma est venue passer un week-end sur Aix. Elle m’a tout raconté de A à Z. Sont nés un plan, puis un livre.
Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous des autrices architectes qui planifient tout, ou des autrices jardinières qui se laissent surprendre par leur propre histoire ?
Caroline : Dans le cadre de cette histoire vraie, le fil conducteur était déjà tout tracé. Mais il fallait trouver le bon rythme, la bonne ligne directrice. Nous avions monté un plan, j’écrivais les grandes lignes et idées et Emma travaillait l’intégralité des textes avec tous les détails.
Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?
Emma : Oui, bien sûr ! J’ai toujours un cahier, un crayon, quelque chose qui traîne pour griffonner une idée.
Caroline : quant à moi, je suis une auteure qui travaille sur un ordinateur.
Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?
Emma : Non, pas de playlist mais un environnement familial important, comme une bulle de douceur protectrice. Nos familles, notre plus belle musique.
Parlez-nous de Il faut toujours se dire au revoir. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
Emma et Caroline : Nous nous sommes retrouvées un samedi à Aix en Provence, Emma venant de Paris, pour évoquer ce projet un peu fou. Un week-end de partage, de rire, de pleurs pour évoquer l’histoire dès son point 0. 48h intenses, puis l’évidence, la trame du livre était rédigée… Il fallait se lancer.
Votre roman est une histoire vraie. Comment la forme écrite se superpose-t-elle à l’expérience vécue ? Quels rapports entretiennent pour vous l’écriture et la fiction ?
Emma et Caroline : Il fallait arriver à raconter avec sincérité, pudeur, émotion mais sans filtre. Pour parler vrai, pour transmettre l’histoire dans son intégralité et faire passer les messages qui nous tenaient à cœur. Faire resurgir le passé n’est pas chose aisée, les nuits sont agitées, on fait remonter des souvenirs douloureux. Mais le cheminement profond mène vers un apaisement et une vision heureuse de la vie.
Vous avez écrit l’histoire d’un chemin vers la résilience. L’avez-vous fait pour aider d’autres personnes qui vivraient le même drame ?
Emma : Assurément OUI ! L’histoire, nous la connaissions. Y avait-il besoin de la raconter juste pour la raconter ? Non… ce n’était pas l’idée. Il y avait un espoir de rendre hommage à Thomas bien sûr, mais surtout une volonté profonde. Celle de montrer que la résilience est un chemin long et sinueux certes… mais possible.
Caroline : Emma m’a expliqué l’objectif de ce livre, les messages qu’elle voulait passer à travers lui. Je n’ai pas hésité une seule seconde. Je trouve que c’est une belle initiative. J’ai eu la chance de partager deux jours de dédicaces avec Emma et c’est fou le nombre de personne qui sont confrontés à des drames similaires au sien.
Et aussi, quelle que soit leurs appréciations, celles et ceux qui referment le livre mentionnent les émotions qu’il fait vivre, en premier lieu la tristesse. Que souhaitez-vous finalement que vos lecteurs en retiennent ?
Emma et Caroline : Nous espérons que certains lecteurs trouveront une certaine forme d’apaisement.
Nous espérons que les personnes en deuil pourront envisager l’avenir avec un peu de sérénité.
Nous espérons être entendues par l’État notamment. Nous alertons sur la nécessité de protéger l’être aimé.
Nous espérons véhiculer un message : Vivez vos vies à fond et n’oubliez jamais de dire au revoir.
Comment êtes-vous venues à l’auto-édition ?
Emma : Ce livre est un parcours de vie. Tout est vrai dans ce partage. Alors il y avait une envie profonde d’être proche des lecteurs. En montant ma propre maison d’édition, je suis allée au bout du bout.
Caroline, vous êtes aussi passée en maison d’édition. Quels en sont les avantages et les inconvénients par rapport à l’auto-édition ?
Caroline : Être dans une maison d’édition à ses avantages : avoir un édito, une correctrice. Être accompagnée tout au long de l’aventure. La maison s’occupe également de donner de la visibilité, ce qui est plus compliqué dans le monde de l’autoédition.
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnues ?
Emma : Le livre a trouvé son lectorat. Plus de 1500 exemplaires ont été vendus en autoédition. C’est un travail long et fastidieux. Nous avons essuyé des refus, pris des portes en pleine figure. Mais nous avons remué ciel et terre pour être présentes auprès des lecteurs qui auraient besoin de partager cette expérience de vie. Nous avons fait de très belles rencontres et c’est merveilleux. Dans la presse, avec les journalistes, en conférences, dans les entreprises, sur le plateau de « ça commence aujourd’hui », dans des magazines, nous voulions porter haut et fort le message de l’espoir et de la possible résilience.
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
Emma : Bien sûr !
Caroline : Oui également, j’ai un projet en cours qui reste encore confidentiel.