Loïc Gry est sélectionnée pour le Prix des Auteurs inconnus dans la catégorie Littérature noire.
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionné ?
J’ai connu ce prix via les réseaux sociaux (Facebook et Instagram). J’ai tout de suite envoyé ma candidature, un peu au hasard, sans réelle optique d’être sélectionné.
Lorsque j’ai appris que mon extrait avait passé les phases de pré-sélection, j’étais heureux. Cette nouvelle m’a motivé à continuer dans cette voie.
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Ici, sans toi, son livre en lice !
Ici, sans toi est votre premier roman. Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Un peu par hasard. En novembre 2018, j’étais dans un moment de remise en question et de changement. Je venais de quitter la région parisienne pour m’installer sur la côte atlantique, et après des années passées dans la restauration, j’entamais une reprise d’étude. Un commencement plutôt. J’ai passé un DAEU durant cette année scolaire 2018/2019 – diplôme d’accès aux études universitaire – un véritable diplôme de la seconde chance, de niveau bac. J’ai donc redécouvert en ce début d’année, les plaisirs de la lecture et de l’écriture, au début par le biais des dissertations. Un soir de novembre, un ami, dont le cousin a écrit un polar, me tend le bouquin en m’invitant à le lire. Le lendemain, seul dans mon appartement, l’ordi ouvert sur mes cours du bac, je me lançais, avec cette idée folle : je vais écrire un roman.
Justement, votre premier roman est un polar. Est-ce que cela correspond à vos goûts de lecteur ? Est-ce que vous pourriez écrire d’autres genres ? Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel.le.s auteur.e.s vous sentez-vous proche ?
Je lis principalement du polar, thriller. Pour un premier essai, j’avais besoin, je pense, de me sentir en sécurité, de développer et de créer dans un univers que je connais. J’écris donc en fonction de ce que je lis, ce qui m’inspire. J’ai repris la lecture avec les enquêtes de Martin Servaz, personnage principal des romans de Bernard Minier, dont j’apprécie les descriptions et l’atmosphère. Depuis je continue à lire (pas aussi souvent que je ne le souhaiterais). Jean-Christophe Grangé, Olivier Norek, Nicolas Beuglet font partie des auteurs que je lis en ce moment.
J’aimerais m’essayer à d’autres genres mais pour le moment aucune inspiration ne vient.
Parlez-nous de votre processus d’écriture. Etes-vous un auteur architecte qui planifie tout, ou un auteur jardinier qui se laisse surprendre par sa propre histoire ?
Pour ce premier roman, j’avais depuis le début mon idée de fin, celle que je voulais écrire, que j’aurais aimé lire. J’ai donc construit mon intrigue et mon histoire autour de cette fin imaginée dans ma tête. Ensuite j’ai procédé par parties mais je n’ai pas forcément écrit à la suite. Certains chapitres de la fin ont donc été rédigés presque un an avant des chapitres du début.
Le papier et le crayon ont-ils encore une place dans votre travail ?
Je travaille principalement sur l’ordinateur pour écrire. J’ai plusieurs fois essayé de me balader avec un carnet et un crayon pour noter les idées, les ambiances qui s’offriraient à moi, mais je manquais de rigueur sur le long terme. J’ai gardé le papier crayon pour mes notes tout au long de l’écriture de mon roman. Je fais des fiches personnages manuscrites, un mini résumé de chaque chapitre, les arcs narratifs, les idées de sous-enquêtes… afin de ne pas perdre le fil de mon histoire.
Poussons la curiosité encore plus loin… Avez-vous une playlist dédiée à l’écriture ?
Je suis assez fan de chansons à texte, sans forcément qu’elles soient d’une grande élaboration, mais j’apprécie écouter des musiques dans lesquelles l’artiste s’exprime, fait passer des messages, nous confronte à nos propres choix, nos propres visions. Si j’écris en musique, ce qui m’arrive parfois, alors ma playlist sera plutôt composée de chansons de Ben Mazué, Damien Saez, Gaël Faye.
Parlez-nous de Ici, sans toi. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
J’ai eu cette idée de fin (je voulais surprendre) à peu près en même temps que l’idée d’écrire un roman. Durant ces deux années d’écriture, j’ai pu m’apercevoir que le travail de l’auteur était loin d’être une activité solitaire. Au contraire, il faut savoir s’entourer, écouter, apprendre et partager afin d’avance le plus sereinement possible.
Votre roman est très documenté, tant sur les lieux que sur le fonctionnement de la police. Avez-vous fait des recherches ou travaillez-vous à partir d’expériences personnelles ?
Concernant les lieux ainsi que le fonctionnement de la police, je me suis beaucoup renseigné, principalement sur internet, mais également en téléphonant à des connaissances évoluant dans les milieux dont je souhaitais m’imprégner. En revanche, comme stipulé à la fin de mon roman, j’ai pris des libertés, lors des descriptions de certains lieux ou encore concernant la réalité du système judiciaire français. J’ai pris ces libertés dans la mesure où je souhaitais écrire un roman dans le simple but de divertir, de permettre de s’évader et l’évasion, pour moi, passe par ce pouvoir de l’auteur de transformer certaines réalités.
Plus on en sait sur les coulisses des milieux que vous peignez avec réalisme, et plus elles se révèlent en fort contraste avec les apparences et la beauté du cadre. Pourquoi ce contraste ?
Mes premiers pas dans l’écriture ont beaucoup été inspirés par le poème de Rimbaud « Le dormeur du Val ». Rimbaud nous plonge dans la description d’un monde d’une beauté sans égale. C’est seulement à la fin de ce poème, lorsque l’on découvre la réalité, que la subtilité du récit s’offre à nous. Je ne saurais dire pourquoi, mais ce poème m’a beaucoup marqué.
Il est vrai que votre style a marqué plusieurs chroniqueurs et chroniqueuses du prix par les contrastes qu’il offre entre un lyrisme chargé de métaphores lorsqu’il s’agit de décrire les paysages, et l’âpreté des scènes d’enquête. Quel effet cherchez-vous à produire ?
J’ai essayé d’écrire mon roman de la même manière que le poème de Rimbaud et m’y suis pris dès le prologue. J’ai pris plaisir à décrire de belles atmosphères, planter une ambiance, trouver des métaphores, faire ressortir le vice, l’horreur de l’être humain, ses pulsions, afin de mieux tromper le lecteur.
Comment êtes-vous venu à l’auto-édition ?
Je suis passé par Librinova par envie de voir se concrétiser un projet de longue date. Également un peu par peur aussi. Peur du refus, du jugement. Je n’ai donc envoyé mon manuscrit à aucune maison d’édition.
Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?
L’auto-édition présente de nombreux avantages que je découvre au fil de mes rencontres avec d’autres auteurs. En effet, passé les coûts de fabrication, diffusion etc… liés à la publication de son livre, un auteur autoédité touchera plus d’argent par livre vendu que son homologue en maison d’édition. Et même si l’argent n’est évidemment pas la motivation première d’un auteur, le temps passé à l’écriture, sa diffusion, sa promotion n’en reste pas moins un travail qui se doit d’être récompensé.
Librinova à mon sens, comprend quelques inconvénients : les prestations sont assez onéreuses. Pour exemple, Librinova facture la diffusion d’un roman un peu plus de 150 euros par an contre une vingtaine d’euros chez des prestataires similaires tels que BOD. De plus, si vous désirez suivre vos ventes, il faudra débourser quelques dizaines d’euros en plus et ce, tous les 6 mois. Les échanges se font exclusivement par mail, ce qui complique le bon déroulement des processus de mise en page et de corrections.
J’ai commencé à écrire un nouveau livre dont je viens d’achever la moitié. J’ai hâte d’attaquer la suite, d’autant que je suis plus serein maintenant car j’ai appris de mes erreurs. En effet, comme je le disais précédemment, écrire un livre est loin d’être un travail solitaire. Il faut savoir s’entourer, chose que je n’ai pas su faire pour ce premier roman, mais que je vais mettre en place pour le second afin de mettre toutes les chances de mon côté (correctrice professionnelle, bêta-lecteurs…)
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnu ?
Afin d’être un peu moins inconnu, j’essaye de diffuser principalement en local dans la mesure où mon histoire se passe dans la région où je vis. Mon roman est en dépôt-vente dans les librairies, Intermarché, Leclerc de la région. Je participe également aux salons du livre. Cet été, j’ai proposé mon polar sur les marchés nocturnes de la côte. Ce qui m’a permis de trouver de nouveaux lecteurs.
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
Je suis plutôt satisfait dans l’ensemble des retours de lecture sur mon roman, même si certains mettent en avant les quelques fautes passées au travers des corrections, la plupart des retours soulèvent une histoire et une intrigue intéressante, une plume agréable et divertissante. J’ai donc à cœur de régler ces soucis de corrections en m’entourant d’une équipe professionnelle lors de la publication de mon prochain roman.