Amelia Pacifico est en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus, dans la catégorie « littérature de blanche ». Sa réaction quand elle a su qu’elle était sélectionnée pour le Prix :
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Obsèques à la carte, son livre en lice !
Obsèques à la carte est votre premier roman. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?
En toute honnêteté, je ne me souviens pas des premiers mots que j’ai alignés pour en faire une histoire, j’étais si petite ! Mais si on parle de ma décision de l’explorer plus en profondeur, et d’en faire mon métier, je dirais trois ans environ. Alors que j’étais correctrice professionnelle, l’une de mes clientes m’a parlé d’une plateforme de concours d’écriture sur laquelle je trouverais de quoi assouvir mon besoin d’expression et de transmission, et elle avait raison ! De fil en aiguille, j’ai grignoté mes freins et mes peurs pour aller toujours plus loin, jusqu’à la parution de mon premier roman, presque sur un coup de tête.
Vous êtes la fondatrice de La petite boutique des auteurs. Parlez-nous de cette aventure !
C’est exactement ça, une aventure, née d’une première qui a bouleversé ma vie ! Lorsque des soucis au niveau de mes yeux m’ont empêchée de poursuivre mon métier de correctrice, je suis revenue à mes premières amours en enfilant à nouveau ma casquette de graphiste, mais la gestion des clients est devenue de plus en plus compliquée pour moi, et c’est au retour d’un roadtrip de plus d’un mois aux Etats-Unis en compagnie de ma famille que j’ai eu la révélation : je devais plaquer mon travail, qui ne m’apportait plus d’autre satisfaction que celle de créer et pourquoi pas, tenter l’aventure de l’écriture, que j’explorais alors depuis quelques mois. Après avoir découvert un concept similaire à San Francisco et ma créativité « graphique » réclamant sa part, j’ai décidé de tout allier en créant cette boutique qui va fêter ses deux ans d’ici peu. Elle me permet d’être en constante relation avec différents acteurs littéraires, ceux qui écrivent, qui éditent, qui accompagnent, relisent… ce qui m’a donné envie d’apporter ma petite pierre à l’édifice en proposant un rendez-vous mensuel d’écriture, le Rendez-Vous des Plumes, et ainsi proposer aux auteurs de faire connaître leur plume, et éventuellement, de figurer en compagnie d’autres écrivains dans un recueil de nouvelles dont la première édition paraîtra début 2022 !
Quelles sont vos sources d’inspiration, de quel·le·s auteur·e·s vous sentez-vous proche ?
Inconditionnelle de Stephen King, j’ai du mal à trouver chez d’autres une rigueur et une régularité aussi efficaces, même si je reste objective et suis en mesure de citer quelques déconvenues parmi mes lectures (rire). Exigeante sur la cohérence et les émotions véhiculées dans un texte, j’apprécie particulièrement la plume d’Emilie Parizot et celle de Laureline Maumelat parmi mes pairs.
Avez-vous des rituels d’écriture ?
Ma playlist « des heures d’écriture » via mes écouteurs, mon chien et/ou mon chat à quelques mètres, une bonne tasse de thé et depuis peu, ma chaîne twitch.tv/alchimistedesmots pour m’encourager à ne louper aucun rendez-vous avec mes personnages. Le partage de mes sessions d’écriture qui motivent d’autres plumes se révèle plutôt efficace, d’ailleurs !
Parlez-nous de Obsèques à la carte. C’est un livre très personnel. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
Comme la plupart des histoires dont j’entreprends de dérouler le fil : grâce à la vie ! J’ai lu, il y a longtemps, un article sur une jeune femme qui avait lancé un concept approchant, et dont la société n’existe plus aujourd’hui. Je me suis dit que c’était vraiment dommage, car pour avoir géré les obsèques de mes grands-parents décédés à trois ans d’intervalle, je sais combien il est difficile, dans une période déjà délicate à traverser, de faire valoir son droit à quelque chose de différent, de moins formaté (et donc, plus coûteux pour ces entreprises qui sont censées nous accompagner). Pourtant, les solutions existent, les partenaires également, j’ai donc eu envie de les mettre en lumière, au travers d’une histoire simple, avec des protagonistes qui nous ressemblent, et des situations qui pourraient arriver à tout le monde.
Vous abordez la mort de front, sans métaphore, ce qui est inhabituel, aujourd’hui. Avez-vous la volonté de briser un tabou ?
Sans aucun doute ! Un ami me disait encore ce matin à quel point il était bluffé de la facilité que nous avions, ma famille et moi, à aborder des sujets souvent complexes pour la plupart des gens. Sexualité, différence, mort sont des exemples de thématiques sur lesquelles je peux échanger sans rougir, et que j’ai à cœur d’explorer avec mes enfants afin qu’elles leur soient aussi naturelles que respirer. C’est l’une des motivations qui m’ont poussée à écrire cette histoire : remettre la mort à sa juste place, le revers d’une médaille sur laquelle on choisit la plupart du temps de ne regarder que la face dédiée à la vie. Et pourtant, sans l’une, l’autre n’existerait pas. Pour apprécier la lumière, il faut savoir que l’obscurité existe. Ou comme je le dédicace parfois : « La vie et la mort sont comme les deux faces d’une feuille blanche. » (proverbe coréen).
Des chroniqueuses ont fait remarquer que votre roman donne envie de passer à l’action et d’affronter des questions auxquelles on n’a pas envie de penser, autour de sa propre mort. Avez-vous écrit un roman militant ?
Voilà ce que j’ai écrit dans le dossier de presse du roman : « Volontairement éclairant sur le monde des pompes funèbres et les us et coutumes françaises en la matière, c’est un roman qui se veut instructif plus que militant, tout en donnant des pistes de réflexions sur notre rapport aux autres et à la mort ». Mais je dois dire, après avoir reçu des dizaines de retours de lecture qui vont dans ce sens, que oui, finalement, ce livre est militant. Et je l’ai encore plus compris en recevant ma première critique acerbe, d’une professionnelle du milieu (rire). Plus sérieusement, ce roman n’a pas pour vocation de bouleverser la donne en la matière, mais d’appuyer les idées novatrices qui émergent ici et là dans le domaine, ce qui est déjà pas mal !
Est-ce que l’humour était une nécessité pour pouvoir écrire sur ces sujets, ou l’avez-vous utilisé sciemment pour faire passer des idées sur un sujet grave ?
Je crois que l’humour fait partie intégrante de ma plume. Même lorsque j’écris un drame sentimental, il sera présent dans des dialogues, une ou deux scènes cocasses, parce que j’ai besoin que mes histoires ressemblent à ce que l’on peut vivre, au quotidien. Il est rare que l’on passe une journée sans rire grâce à une plaisanterie, une situation incongrue ou encore, un jeu de mot bien pensé !
Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Avez-vous envisagé de passer par l’édition traditionnelle ?
Je parlais d’un coup de tête tout à l’heure : j’ai vu passer le concours des Plumes francophones, et je me suis dit que ça pourrait être sympa de le tenter avec une histoire originale, alors je l’ai écrite, en un mois, grâce au NaNoWriMo de juillet 2020. Et puis j’ai perdu. Mais en attendant, mon livre était publié, à grand renfort de soirées passées à apprendre sur le tas un système que je ne connaissais pas du tout ! Je suis donc arrivée à l’autoédition par hasard… Evidemment, j’ai envisagé de faire candidater une ou deux de mes histoires auprès de maisons d’édition qui ont pignon sur rue. J’ai même rédigé mon courrier d’accompagnement pour l’une d’entre elles, mais je n’ai encore jamais sauté le pas. Nous sommes déjà une quantité astronomique de poissons-plumes dans un océan d’écriture, et je crains que l’on soit encore plus anonymes au sein d’un service de manuscrits. Cela étant, avec les échos que j’ai d’auteurs édités par des « grandes maisons d’édition » et leurs limites concernant un texte qu’ils ont écrit mais qui ne leur appartient plus, je me dis que je ne suis pas pressée finalement… d’ailleurs, j’envisage d’autoéditer mon prochain roman….
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?
Je communique très régulièrement sur mon profil Instagram @amelia.pacifico.autrice, j’y crée des événements inter auteurs pour donner un peu plus de visibilité à tout le monde, je participe à des prix comme celui des Auteurs Inconnus ( 😉 ), je rédige des textes pour des concours de nouvelles, et bientôt, si j’arrive à me décider à sortir de ma zone de confort, je pense tenter les séances dédicaces au sein de librairies et centres culturels… en attendant de trouver des salons littéraires qui pourront m’accueillir courant 2022 !
Depuis Obsèques à la carte, vous avez participé à un recueil de nouvelles publié chez Hugo Poche : Même à l’ombre, les cigales chantent. Et maintenant, avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
Oui, j’ai participé à un concours que j’ai remporté grâce au coup de cœur de la présidente du jury et initiatrice du recueil, Claire Zamora, ce dont je suis très fière, car en plus de reverser tous les fonds à l’association Ruban Rose, j’ai aussi signé mon premier contrat d’édition ! J’ai achevé quatre histoires à ce jour, et j’ai plusieurs amorces qui n’attendent que moi, dont une histoire dans le registre fantastique qui habite mes pensées… Et comme je le disais plus haut, je me tourne une nouvelle fois vers l’autoédition pour diffuser mon prochain roman, ce qui me permet de garder les coudées franches quant à son édition, le choix de sa couverture, etc. C’est une romance de Noël épicée (comprendre explicite), dont je tente la promotion via une campagne Ulule qui ouvrira le 1er novembre prochain (NDLR : l’interview date d’avant le lancement de la campagne qui est maintenant en cours). Son nom : Le père Noël n’existe pas ! Je vous attends au rendez-vous !
Je tiens à vous remercier, pour la visibilité qu’offre votre prix, la bienveillance des membres de votre jury et la parole que vous nous donnez par l’intermédiaire de ces interviews : c’est précieux !