C’est un très grand honneur de participer à ce prix ! Je ne m’attendais pas à cette sélection ; j’ai vérifié quand même plusieurs fois pour être sûre que je ne rêvais pas !!
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Ahriman, son livre en lice !
Vous êtes l’autrice de plusieurs romans et de nouvelles, avec une carrière déjà longue. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?
Je suis née comme ça tout simplement ! J’ai toujours eu ce besoin d’écrire. Enfant je griffonnais des « BD » pour raconter les histoires qui fourmillaient dans ma tête puis, dès que j’ai su écrire, je ne me suis jamais arrêtée !
Vous n’écrivez pas que de la littérature noire puisque vous avez également écrit pour les jeunes adultes. Comment vous vient cette inspiration éclectique ? Quelles sont vos sources, de quel·le·s auteur·e·s vous sentez-vous proche ?
Les histoires sont là, quelque part dans ma tête. Mon cerveau est compartimenté de tiroirs qui s’ouvrent les uns après les autres, des personnages en sortent et me racontent leur vie, leur parcours. A moi de retranscrire leur histoire, bien tendre l’oreille pour les écouter, les comprendre, sentir leur essence… et remettre de l’ordre (ils sont un peu fouillis par moment 😊).
J’ai dévoré tous les Masterton et les Koontz. Je pense qu’ils ont influencé mon genre d’écriture. Mais le premier auteur qui m’a fait vibrer, c’est Emile Zola. Lui, m’a donné le goût d’écrire, il m’a appris la saveur des mots.
Il paraît que Zola avait besoin d’être « tranquille dans son désert », dans sa maison de campagne de Médan (il le dit dans une lettre à Flaubert). Et vous ?
Moi, pas du tout, je peux écrire n’importe où, chez moi ou dans un parc, à la terrasse d’un café… dans le silence absolu ou entourée de bruits assourdissants. Je suis dans une bulle hermétique à ce moment-là, je n’entends plus l’extérieur, je ne vois plus personne. Je suis dans mon histoire, avec mes personnages, il n’y a qu’eux et moi. La seule chose, c’est qu’on ne doit pas me parler ! Ça rompt le lien et ça me fiche en rogne ! Dans ces cas-là, je prends mes cliques, mes claques et comme Emile Zola, je retourne chez moi, dans mon désert !
Parlez-nous de Ahriman. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
Comme toutes mes histoires, elle est apparue comme ça ! Un tiroir s’est ouvert et elle s’est dévoilée à moi ! J’ai souvent la sensation que je ne suis qu’un instrument dans l’écriture, que ce n’est pas moi qui invente toutes ces histoires. Elles existent déjà et je me contente de coucher les mots.
Que pouvez-vous dire de la légende du grimoire d’Ahriman (sans déflorer le sujet, mais juste pour donner envie de lire votre livre) ? Comment avez-vous procédé pour vos recherches sur cette histoire ?
J’aime beaucoup mélanger la réalité et la fiction. Je n’ai pas inventé Ahriman ; il s’agit réellement d’un livre de magie noire dont les feuillets et la couverture sont faits de peau humaine. La légende raconte que ce grimoire défie le temps et les hommes en disparaissant et réapparaissant aux quatre coins du globe, semant la mort sur son passage.
J’ai donc repris cette idée première et y ai ajouté mes propres ingrédients maléfiques ! Pour tous mes livres, je mets beaucoup de temps à faire le plan, puis, quand je commence à rédiger, le travail de recherches historiques et autres se fait au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. Et comme je découvre toujours des éléments très intéressants que j’ai envie d’exploiter, forcément, le plan change constamment !
Il y a des va-et-vient entre plusieurs périodes historiques. S’agit-il de périodes dont vous avez une connaissance particulière ?
J’aime beaucoup l’histoire en effet ! Je ne suis pas une experte, mais écrire me permet justement de découvrir certaines périodes. Lorsque je fais des recherches historiques, je laisse parfois le manuscrit de côté et j’avale des pages entières d’histoire qui n’auront pas forcément place dans mon roman, mais si fascinantes que j’ai besoin d’en savoir toujours plus !
Etes-vous passionnée par la sorcellerie et l’ésotérisme ?
Oui, j’adore ! Tous ces mystères qui entourent ces thèmes permettent à l’imagination de combler des trous, d’interpréter différemment, d’ajouter des éléments, d’en modifier d’autres. Chacun a son interprétation de ces phénomènes, ses propres croyances, rien n’est établi, on peut donc tout imaginer ! L’un de mes premiers romans, La brèche du diable, traite d’une contradiction sur la création de la femme dans la bible. En effet, si on prête bien attention à ce qu’on lit, il y a la possibilité de l’existence d’une autre figure féminine antérieure à Eve !
Dans votre texte, vous allez jusqu’au fantastique. Est-ce finalement un polar historique ou un polar fantastique ?
Je dirais plutôt un polar fantastique, dans le sens où j’ai quand même revu « à ma sauce » certains éléments historiques ! La base est toujours vraie, mais mon imagination remanie les évènements, modifie certains faits.
Vos romans ont été publiés dans plusieurs maisons d’édition, dont Évidence Éditions pour Ahriman. Comment avez-vous rencontré vos éditeurs ? Avez-vous envisagé de passer par l’auto-édition ?
Il y a quelques années, j’avais envisagé l’auto-édition en effet, mais faute de temps, j’avais abandonné. Mon parcours littéraire est jonché de belles rencontres. La maison d’éditions belge Chloé des Lys a été la première à me donner une chance. Une équipe formidable et le début d’une belle aventure. De fil en aiguille, on fait de nouvelles rencontres artistiques qui débouchent sur de nouveau projets et de nouvelles maisons d’édition. Puis il y a eu cette rencontre merveilleuse avec Marc Bailly à qui je dois d’être où je suis actuellement. Sans lui, Ahriman aurait terminé dans un tiroir et la suite de l’écriture aurait été incertaine. Marc est un passionné, toujours disponible, à nous booster, nous donner l’envie constante d’écrire, de rebondir quand parfois c’est compliqué. Il est un véritable moteur pour moi comme pour beaucoup d’autres auteurs, un repère solide dans un univers parfois féroce ! Et il a un très beau palmarès dans la littérature : découvreur de talents littéraires chez Evidence Éditions, Directeur de collections chez Ker Éditions, il a également été anthologiste chez Elenya Édition et Rivière Blanche, il est le Président du prix littéraire Masterton et du prix Bob Morane, etc., etc. ! Et j’en profite pour le remercier encore au nom d’Ahriman et des Mutilés, qui sans lui, n’auraient jamais eu la chance d’être édités chez Évidence, une maison d’édition très pro avec une équipe formidable. Cela m’a permis du même coup de faire rééditer le Wendigo et Le Pacte. Je lui dois cette belle carrière que j’ai aujourd’hui !
Que mettez-vous en place avec votre éditeur ou avec vos éditeurs pour être un peu moins inconnue ?
Mes livres sont disponibles en librairies, sur Amazon, en format broché et epub. Les chroniqueurs, grâce à leurs avis, relaient les sorties. Il y a les salons également, les séances de dédicace, hélas, mes journées sont trop courtes, je n’ai pas la possibilité actuellement d’y aller ☹.
Wendigo doit sortir en novembre 2021. S’agit-il d’un roman dans la même veine que Ahriman ?
Wendigo est un roman purement fantastique. Il est sorti en roman illustré en 2013 aux éditions Juste pour Lire. Il s’agissait d’un travail commun avec l’illustrateur Eric Godeau que j’ai rencontré tout à fait par hasard sur un forum. Pour une fois, l’histoire n’est pas sortie d’un tiroir ! Le directeur d’édition nous avait passé commande pour un roman sur le thème du loup garou, accessible à un jeune public également. J’ai donc parcouru le globe à la recherche d’un loup garou exceptionnel ; ce thème ayant été abordé si souvent, il me fallait trouver une idée originale et qui n’ait pas été trop exploitée, tout en gardant quelques clichés. Et j’ai rencontré le Wendigo au détour de mon voyage ; un voyage merveilleux dans l’univers amérindien, empli de légendes ! La découverte de ce peuple a été un véritable régal ! A partir de mon récit, Eric a entrepris des illustrations. En novembre, Evidence Éditions le réédite mais sans les illustrations.