Thomas Palpant est en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus, dans la catégorie « littérature blanche ». Sa réaction quand il a su qu’il était sélectionné pour le Prix :
C’était la première fois qu’un de mes livres était sélectionné pour un prix littéraire, donc j’ai ressenti beaucoup de joie et de fierté !
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de C’était comment avant internet, son livre en lice !
Vous publiez de la fiction depuis 2017 seulement, et pourtant, C’était comment avant internet est loin d’être votre premier livre puisque vous avez déjà écrit d’autres romans, et même des séries. Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Cette passion remonte à ma plus tendre enfance. L’écriture a toujours été mon mode d’expression favori. Avant de me mettre à écrire des livres, j’ai été rédacteur, d’abord amateur, puis professionnel. J’ai pu affiner ma plume petit à petit, sans bruler les étapes. Publier un roman a toujours été dans un coin de ma tête, mais je sentais que je n’avais pas la maturité ni le vécu nécessaires, et que je n’avais pas trouvé de « style » qui me convienne. Finalement, je suis tombé par hasard en 2017 sur le Concours des Plumes Francophones d’Amazon, qui m’a donné le surcroît de motivation pour finaliser un premier livre. Suite à ce déclic, tout s’est enchaîné très naturellement, et j’ai pu écrire d’autres romans, dans des genres très différents.
L’univers de vos romans est très ancré dans le monde numérique, tout comme votre univers professionnel dans la communication numérique. Vous inspirez-vous de votre expérience pour écrire de la fiction ?
Tout à fait. Je crois qu’il est naturel de s’inspirer du monde qui nous entoure, et des expériences professionnelles ou personnelles que l’on a connues. J’ai toujours baigné dans Internet et dans la communication digitale. De cette spécialité, j’ai pu tirer un certain nombre d’observations et d’enseignements, qui m’ont donné envie de faire passer des messages. J’aime quand les livres permettent d’éveiller les consciences, de faire réfléchir.
Quels sont ces messages ?
Je dirais que les romans que j’écris me ressemblent, et correspondent à mes convictions. Je souhaite qu’ils collent à notre époque, qui a beaucoup changé depuis l’apparition d’Internet. Lorsque j’invente une histoire, j’essaie de trouver un angle et une approche qui n’ont pas été maintes fois vus ailleurs. Les thèmes de la dépendance au numérique, des réseaux sociaux, ne sont pas encore énormément représentés dans la littérature, laquelle reste assez traditionnelle à mon sens. Mes sources d’inspiration sont avant tout notre société, et les enjeux qui la font évoluer, comme la technologie et l’environnement. Je n’ai pas d’auteur dont je me sens proche car je suis davantage passionné par le cinéma que par la lecture. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai grandi dans les mangas, les jeux vidéo, le cinéma américain. Bien loin de renier ces influences, je souhaite au contraire qu’elles se reflètent dans mes œuvres. La littérature n’est pas figée, et se doit d’évoluer en même temps que les auteurs qui la font vivre.
Avez-vous des rituels d’écriture ?
Je n’ai aucun rituel particulier. Il me faut simplement du calme. Ayant l’habitude de faire « sonner » les phrases dans ma tête, il m’est impossible de travailler en musique, par exemple.
Parlez-nous de C’était comment avant internet : comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
L’idée d’écrire ce livre m’est venue très naturellement. Je souhaitais montrer d’une façon originale et nuancée de quelle manière notre vie a changé depuis l’apparition d’Internet. J’ai donc imaginé un contraste, un choc de générations. Une double époque, et deux héros, dont les actes se répondent au gré des chapitres, pour mieux se rendre compte à quel point le numérique a révolutionné nos vies ; pour mieux se rendre compte également que ce qui nous fait vibrer et avancer diffère finalement assez peu selon les générations. Que nous ayons grandi à l’époque du Minitel ou des smartphones, nous voulons simplement être heureux, trouver notre place, et suivre nos rêves.
Avez-vous connu le monde avant internet ou appartient-il à l’histoire, pour vous ? Entre les années 1990 et le monde actuel, avec quelle période avez-vous le plus d’affinités ?
J’ai bien sûr connu le monde sans Internet. Tout ce dont je parle dans le livre est authentique et tiré d’expériences observées ou vécues. Je me souviens comme si c’était hier des VHS que nous regardions avec mes cousins, et que nous devions rembobiner. Nous les regardions sur une petite télévision, si épaisse qu’elle prenait une place folle. Désormais, il y a le streaming. Nous avons accès à des contenus HD en profusion, sur des écrans incroyablement grands et fins, ou bien des smartphones emportables partout. C’est un tel changement !
Si je devais comparer les deux époques, je dirais que j’ai plus d’affinités avec celle des années 1990. Je pense qu’il y a forcément une part de nostalgie qui joue, car j’étais alors adolescent, en des temps moins troublés que ceux que nous vivons actuellement. Je souhaitais d’ailleurs que cette part d’insouciance soit présente dans le livre. Que le lecteur ressente cette pointe d’amertume d’une époque révolue, et qui ne vit à présent que dans nos souvenirs.
Avez-vous donc des raisons de penser que c’était mieux, avant internet, ou moins bien ?
Mieux ou moins bien, c’était en tout cas très différent ! Internet a révolutionné notre manière de communiquer, de nous informer, de travailler, de consommer…
Avant Internet, nous communiquions moins à distance, pour profiter des moments présents, et des personnes autour de nous. J’ai l’impression qu’il y avait plus d’authenticité dans les rapports entre les individus, et non cette course à l’attention et à la popularité que l’on peut observer un peu partout sur les réseaux sociaux. Il y avait selon moi plus de réel dans notre rapport au monde, et aucune volonté de se mettre en avant.
À présent, les réseaux sociaux nous ont conduit à nous façonner une identité numérique, parfois à jouer un rôle, pour attirer des réactions, capter le regard d’inconnus… Nous sommes davantage connectés les uns aux autres, mais ce flot permanent de contenus et de notifications empêche parfois de voir ce qui est réellement important. Ce message est d’ailleurs présent dans plusieurs de mes livres, à commencer par C’était comment avant Internet : regardez ce qui se passe autour de vous, faites attention à vos proches, à vos rêves, car ce sont eux qui comptent, et non pas des inconnus qui vous laissent un « J’aime » sur Instagram. Le danger de notre époque, c’est de se perdre dans une surcommunication qui n’a aucune substance, aucun but ; sinon celle de tromper son ennui, et d’avoir la sensation d’être apprécié par les autres.
Votre roman aborde des thématiques générationnelles. S’adresse-t-il à la génération Y, vous adressez-vous à elle, d’une manière générale ?
Avec ce livre, je m’adresse à tout le monde. Aux personnes qui n’ont jamais connu la vie sans Internet, bien sûr. Pour qu’elles aient une petite idée de comment on communiquait, comment on louait des films, comment on faisait des recherches… Et C’était comment avant Internet s’adresse aussi à toutes ces personnes qui ont vécu cette période « pré-Internet », et qui en gardent comme moi un souvenir lointain et nostalgique. D’une certaine manière, à travers Paul, je livre une sorte de témoignage pour les générations futures. Oui, nous écrivions des lettres pour donner des nouvelles. Oui, nous nous battions pour avoir la ligne du téléphone fixe pour appeler nos amis. Cette communication à l’ancienne, complètement désuète aujourd’hui, ne doit pas être oubliée. Il n’y a plus de retour en arrière possible avec Internet, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut faire comme si notre passé n’avait jamais existé.
Comment êtes-vous venu à l’auto-édition ? Avez-vous envisagé de passer par l’édition traditionnelle ?
Je suis venu à l’auto-édition par hasard, en tombant sur le Concours des Plumes Francophones d’Amazon. J’ai failli être édité, mais malheureusement, la collaboration n’est pas allée jusqu’à son terme. Je garde un souvenir amer de cette expérience, qui m’a conforté dans l’idée que l’auto-édition était faite pour moi, grâce à la liberté absolue qu’elle m’offre.
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnu ? Notamment, vous travaillez dans la communication : au-delà de l’inspiration pour la fiction, est-ce que cela vous a donné des réflexes utiles pour vous faire connaître en tant qu’auteur, que vous pourriez partager ?
Paradoxalement, le fait de travailler dans la communication ne m’a pas rendu meilleur communiquant, bien au contraire. Je n’aspire aujourd’hui qu’à davantage de déconnexion, et de prise de distance par rapport aux réseaux sociaux, que je trouve peu authentiques et très fatigants mentalement. La guerre d’attention qui s’y déroule n’est pas pour moi. Je tente donc de trouver un équilibre, de parler de mes livres régulièrement tout en prenant de la distance. Pas évident !
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
J’ai sorti début octobre un nouveau livre, qui s’intitule Un tueur au paradis. Il s’agit d’un roman mélangeant les genres policier et fantastique, et connecté à mon précédent roman policier : C’est à vous de tuer. Un des aspects les plus intéressants que j’essaie de développer à travers mes livres est de créer un monde « persistant ». En d’autres termes, tous mes livres sont connectés les uns aux autres comme s’ils faisaient partie du même univers, via certains personnages ou événements. Deux personnages de C’était comment avant Internet sont ainsi présents dans mon roman d’anticipation E-STORIC, dont l’intrigue influe à son tour sur ma trilogie Dreams, Eden…
Concernant le futur, je commence à imaginer les contours de mon prochain livre. Tout n’est pas encore parfaitement clair dans mon esprit, mais j’espère en tout cas créer quelque chose de très original, qui me poussera à me dépasser !