Noël Boudou est en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus, dans la catégorie « littérature noire ». Voici ce qu’il s’est passé pour lui quand il a su qu’il était sélectionné pour le Prix :
J’ai été surpris, d’autant plus que Benzos était déjà sélectionné pour le prix Babelio et le prix du roman noir à Cognac.
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de Benzos, son livre en lice !
Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Tout d’abord merci pour cette sélection et de me donner la chance de parler un peu de moi et de mes histoires. J’ai encore un peu de mal à me considérer comme un auteur. L’avenir parlera pour moi.
C’est par la musique que j’en suis venu à écrire. J’ai chanté dans divers groupes de metal. J’ai commencé à écrire mes textes de chanson et comme j’étais un gros lecteur, j’ai commencé aussi à écrire des nouvelles puis une de ces nouvelles est devenue mon premier roman, Elijah, paru aux Éditions Flamant Noir en 2017.
Où puisez-vous vos sources d’inspiration ?
Est-ce que les romans noirs correspondent à vos goûts de lecteur ? Est-ce que vous pourriez écrire d’autres genres ?
Oui le roman noir est mon style prédilection en tant que lecteur aussi. Je lis quand même beaucoup de thrillers, de romans de terreur et quelques polars. L’idée me trotte dans la tête depuis pas mal de temps d’écrire un roman d’épouvante, une histoire de maison hantée : cela me fascine bien que je n’y croie pas une seule seconde. La chose qui me freine est que j’en ai lu beaucoup et je suis souvent déçu. Il y a quelques perles comme Maison Hantée de Shirley Jackson ou certains Masterton. Je garde cette envie dans un coin de ma tête, un jour peut-être si je pense tenir une bonne idée.
Quels sont vos auteurs préférés ?
Il y en a beaucoup mais il y a plusieurs auteurs dont j’achète les livres sans même jeter un œil au résumé. Stephen King est en tête de course, je répète souvent qu’il est pour moi le plus grand auteur contemporain tous styles confondus. Sa façon de poser une action ou de nous faire savoir tout ce que nous avons besoin de savoir d’un personnage en quelques lignes ou en un dialogue me laisse pantois. J’adore aussi Peter Straub, Graham Masterton, Joe R Lansdale, Serge Brussolo, David Peace… Il y aussi Pierre Pelot qui a écrit LE livre qui m’a fait penser que je pourrais moi aussi écrire et m’en a donné l’envie, Natural Killer, une perle du roman noir. Et tellement d’autres.
Benzos est votre deuxième livre. Comment vous est venue l’idée de l’écrire ?
L’idée ne m’est pas vraiment venue, j’avais besoin de le faire, je dirais. Il traite d’un sujet qui m’a directement concerné pendant 25 ans. J’ai pris du Stilnox dès l’âge de 15 ans car je ne dormais quasiment pas, j’ai arrêté à l’âge de quarante ans alors que j’en prenais des quantités effrayantes. Nick Power est assez proche de ce que j’ai pu être à cette époque. A ce stade de dépendance, on ne dirige plus vraiment sa vie, la première pensée que l’on a le matin est « Est-ce que j’en ai assez pour ce soir ? ».
Le sujet vous tient donc personnellement à cœur, et vous avez travaillé en hôpital…. Quels sont pour vous les rapports entre fiction et réalité ?
Comme je viens de le dire, il fait plus que me tenir à cœur. Je n’ai jamais compris pourquoi un médecin ne va jamais chercher à comprendre pourquoi vous ne dormez pas avant de vous prescrire des somnifères. On commence par en prendre un demi, puis le corps s’habitue et on passe à un, deux etc… Je devais écrire ce bouquin pour exorciser cette partie de ma vie, j’ai changé de vie justement. J’ai quitté mon boulot à l’hôpital, j’ai changé de région, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a soutenu pour arrêter, je suis devenu papa… Aujourd’hui encore je dors peu mais je le vis bien mieux.
Vous avez fait le choix de peu développer l’entourage et la vision de la situation par l’entourage. Pourquoi ce choix ? Envisagez-vous une suite, ou du moins, Benzos 2 ?
Ce choix parce que j’ai été un Nick Power et que lorsque l’on tourne à ce genre de cochonnerie on a tendance à oublier son entourage. La chose qui passe avant tout c’est ça, en avoir assez en réserve pour la journée, la semaine, les vacances, ça devient une obsession. Me mettre dans sa tête et écrire à la première personne était une évidence pour moi. De plus les romans fleuves de plus 600 pages sont de moins en moins ma tasse de thé (à part ceux du King et quelques autres). J’aime qu’un auteur aille droit au but sans faire trop de fioritures. J’ai envie de faire mal à mes lecteurs ou lectrices, de les toucher, de les émouvoir, pas de leur décrire le paysage pendant dix pages. Je pourrais faire des romans plus longs avec plein de jolies phrases pleines de poésie mais je n’en ai tout simplement pas envie. J’écris avec mes tripes, toujours un peu dans l’urgence. Je sais que ça ne plaît pas à tout le monde mais c’est ma façon de raconter des histoires. Un peu comme un boxeur qui cherche à épuiser son adversaire, qui lui laisse des temps de répit parfois pour mieux le mettre KO à la fin.
Et non il n’y aura pas de suite, tout simplement parce que je ne suis pas spécialement amateur des suites d’une manière général, en bouquins ou au ciné. Je pense avoir dit tout ce que j’avais à dire sur ce sujet dans ce livre.
Comment avez-vous rencontré votre éditeur ?
Que mettez-vous en place avec votre éditeur pour être un peu moins inconnu ?
Malheureusement, après la sortie de Benzos, j’ai eu quelques soucis de santé qui ont fait que je n’ai pas pu faire beaucoup de dédicaces et puis il y eu le confinement et les événements auxquels je devais participer comme Lire à Limoges ont été annulés. Je reviens à Cognac cette année, Benzos est aussi en lice pour le prix du roman noir que j’ai déjà eu avec Elijah, mon premier roman. Il y a bien sûr le Prix des Auteurs Inconnus qui y contribue aussi et sûrement quelques surprises à venir. J’ai quelques contacts dans la presse qui me soutiennent depuis le premier livre. Après je dois avouer que je ne suis pas un très bon commercial, je ne vais pas taper l’incruste dans tous les groupes consacrés aux bouquins sur Facebook par exemple. Je suis discret en tant qu’auteur comme je le suis dans la vie. J’ai aussi quelques « fans » qui me suivent de près et qui me font de la pub et je les en remercie.
Ce prix du roman noir reçu pour Elijah, qu’a-t-il changé dans votre parcours d’auteur ?
Cela change beaucoup de choses, d’autant plus que Elijah n’était pas distribué en librairie. Pour se le procurer il faut soit le commander en magasin, soit sur internet. Cela m’a donné une visibilité que je n’avais pas. Après le prix, plusieurs journalistes m’ont contacté pour des interviews dans la presse, à la radio et même une à la télévision dans l’émission Plein Phare. Et puis Cognac est un prix remis par les lecteurs tout comme le PAI : ce sont les prix les plus gratifiants. En plus, là-bas on est reçus comme des rois, c’est le week-end de célébrité, ce qui est mieux qu’un quart d’heure. Signer mon bouquin à côté de Jean-Pierre Mocky était un honneur par exemple, d’autant plus qu’il nous a quittés il y a peu.
Avez-vous d’autres projets d’écriture, pouvez-vous en parler ?
Eh bien le troisième est aux mains de Taurnada, chez qui il verra le jour courant 2021 je pense. J’y aborde les thèmes de la vieillesse et du racisme, deux sujets qui me tiennent très à cœur. Je travaille avec des personnes âgées et je les adore, leur contact est très enrichissant même quand elles sont grognonnes. Mon personnage principal est donc un vieux bourru, auto-proclamé vieux con. Quant au racisme, je suis triste qu’en 2020 il y ait encore des personnes qui refusent de voir que c’est la pluralité des cultures qui fait qu’une société peut se développer. Et quelle que soit notre couleur de peau, à l’origine nous descendons tous du même arbre. Quelque part en Afrique, selon mes dernières informations.