Albane Mondétour est en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus, dans la catégorie « littérature noire ». Voici sa réaction quand elle a su qu’elle était sélectionnée pour le Prix :
J’ai été surprise et ravie de faire partie des cinq finalistes dans ma catégorie, surtout que c’est le premier concours auquel je participe !
C’est parti pour une interview autour de son parcours, de son œuvre, et de First, son livre en lice.
Comment êtes-vous venue à l’écriture ?
L’envie d’écrire m’est venue relativement tôt, je devais avoir huit ou neuf ans. En fait, tout a commencé par la lecture. J’adorais piquer les romans policiers de mon père, qui en avait une sacrée collection, et je les lisais en cachette. C’est de cette manière que j’ai découvert des univers plus ou moins sombres, comme ceux de Michael Connelly, d’Harlan Coben ou encore de Stieg Larsson.
Et c’est tout naturellement que j’en suis venue à écrire à mon tour, à imaginer des histoires complexes, à développer des intrigues machiavéliques et tortueuses. Les lecteurs qui me suivent depuis le début me disent souvent qu’il y a certaine douceur dans ma plume, ce qui permet d’alléger le tout, sans oublier une touche de romantisme. Enfin bref, j’aime écrire, depuis très longtemps, c’est une nécessité pour moi.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
En général, l’idée d’un roman va germer petit à petit dans mon esprit. Parfois je vais faire un rêve qui va m’inspirer, ou vivre ou encore assister à une situation qui va m’interpeller, souvent inconsciemment, et qui va faire naître une « ébauche » d’intrigue qui va se développer progressivement. Je réfléchis beaucoup avant de me lancer dans l’écriture d’un roman. Bien qu’en général, l’idée de départ évolue énormément au fur et à mesure que j’écris.
Pour ce qui est de mes sources d’inspirations, il ne faut évidemment pas oublier la lecture. Je lis dès que j’ai un peu de temps, en grande majorité des thrillers, mais pas uniquement. J’aime également lire, selon mon humeur, des romans beaucoup plus légers.
Je ne dirais pas que je me sens proche d’un auteur en particulier. Ce n’est pas une question évidente et je ne pense pas avoir le recul nécessaire pour y répondre. En revanche, oui il y a des auteurs que j’affectionne particulièrement, et qui ont grandement contribué à mon envie de me mettre à l’écriture. J’ai par exemple eu un énorme coup de cœur pour la trilogie Millenium de Stieg Larsson. J’adore sa façon d’écrire, sa plume est fantastique. Quand je me sens en panne d’inspiration, j’aime en relire quelques passages et je me sens tout de suite mieux. Il y a également deux autres livres que je n’ai pas réussi à oublier au fil des années, bien qu’ils soient très différents : « La lune était noire » de Michael Connelly, et « Acide Sulfurique » d’Amélie Nothomb.
Comment vous est venue l’idée d’écrire First ? Notamment, comment vous est venue cette idée de tueur en série revenu du passé ?
C’est une histoire qui me tient particulièrement à cœur. D’une part parce qu’il y a une partie tirée d’une histoire vraie, vécue par l’un de mes proches. Les lecteurs qui ont lu First pourront facilement deviner laquelle. Et d’autre part, les sujets des violences sexuelles et des rapports de force entre hommes et femmes sont des thèmes qui me touchent énormément. C’est évidemment un sujet d’actualité mais au-delà de cela, il s’agit d’un véritable fléau qui détruit chaque jour des vies. Il faut en parler. Quant à l’idée du « tueur revenu du passé », celle-ci me semblait logique pour aborder cette intrigue. Quelle victime, ayant gardée le silence sur son martyr, ne craint pas de voir revenir celui qui l’a réduite en morceaux ?
Alors, First est-il un livre militant ?
Je ne sais pas si le terme « militant » convient vraiment. Je n’avais pas pour but quand j’ai écrit ce roman de changer les mentalités ou de créer une polémique. Je voulais simplement raconter l’histoire d’une jeune fille dont la vie est totalement transformée à cause d’une personne en qui elle avait confiance, et à quel point les conséquences du drame qu’elle a vécu vont la poursuivre jusque dans sa vie de femme.
Je voulais également mettre en avant les différentes « formes » d’agressions sexuelles, et notamment montrer que le chantage et la manipulation peuvent être des armes aussi puissantes que la force physique. C’est une question qui est malheureusement posée presque par réflexe aux victimes d’abus sexuels : « Mais est-ce que tu l’as frappé, est-ce que tu as tenté de te défendre ? etc. ». La plupart du temps c’est bien plus complexe que cela et du coup pour les victimes c’est très difficile d’en parler. Elles se sentent incomprises, jugées. Ce que l’on appelle assez vulgairement « le viol de rue », c’est-à-dire une agression commise par une personne qui nous est inconnue, n’est pas la forme de violence sexuelle la plus répandue d’un point de vue statistique. En réalité, les abus sexuels sont malheureusement perpétrés, et cela dans la majorité des cas, par des proches de la victime, parents, amis, figures d’autorité etc.
Et pour finir, je voulais absolument aborder la question des conséquences de ce type de drame sur la personnalité des victimes, parler de la profondeur de leurs blessures et comment elles parviennent à vivre avec, sans pour autant oublier.
Vous faites assez rapidement des révélations au fil du livre. Est-ce parce que vous êtes avant tout attachée au côté psychologique ?
La fin de First laisse ouverte la possibilité d’une suite : qu’en est-il ?
A l’origine, je comptais rester sur une fin ouverte, mais beaucoup de mes lecteurs espéraient une suite. Alors je me suis dit pourquoi pas… Et je l’ai écrite, cette suite, elle s’appelle Caïssa et elle est sortie en juin 2020. C’est également un thriller. Par contre, on quitte le registre du purement psychologique, il y a beaucoup plus d’action dans Caïssa que dans First. Les deux romans sont vraiment très différents. On peut les lire indépendemment l’un de l’autre, tout dépend ce que l’on aime. Évidemment dans ce cas, le lecteur en saura moins sur l’histoire des personnages et sur leur psychologie.
C’est intéressant qu’un projet que vous n’envisagiez pas ait pu voir le jour grâce à votre interaction avec les lecteurs. Quel rôle jouent vos lecteurs dans votre processus créatif ?
Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ?
Vous n’avez pas choisi l’auto-édition par défaut : revendiquez-vous une identité d’« indé » qui ne cherche pas à rejoindre l’édition traditionnelle ?
Il est vrai que l’auto-édition comporte de nombreux avantages, d’où mon choix au final. On peut faire ce que l’on veut et quand on le veut. Je suis libre en somme. Ce côté indépendant me plaît, je ne vais pas le nier.
Mais il y a toujours un revers, et les inconvénients de l’auto-édition découlent de ses avantages : même avec un correcteur et un graphiste professionnel, un auteur auto-édité doit tout faire lui-même. Il n’a pas le soutien d’une maison d’édition qui va s’occuper de parfaire son manuscrit et qui va prendre en charge le côté marketing.
Dans tous les cas, c’est une aventure géniale que je ne regrette absolument pas. Je ne vais pas dire que je ne rejoindrai jamais une maison d’édition traditionnelle, ce serait mentir. De moi-même je n’en contacterai pas, mais évidemment si une maison d’édition reconnue me proposait un contrat réellement intéressant, je sauterais sur l’occasion. Il y a des opportunités à ne pas manquer.
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?