Interview : Corinne Le Diraison
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?
Quand j’ai décidé d’opter pour l’auto-édition, j’ai eu la bonne surprise d’être bien accueillie par les libraires du Pays de Lorient. Je n’avais pas prémédité que le fait que mon roman se déroule localement m’aiderait !
Par curiosité, j’ai profité d’un week-end à Lyon pour aller y rencontrer des libraires. Leurs refus m’ont fait réfléchir : comment acquérir une visibilité au-delà de la Bretagne ? L’idée de participer à un prix littéraire est venue de là.
J’ai connu le PAI en cherchant sur internet un prix ouvert aux auteurs auto-édités. Quand j’ai appris que La Villa Rouge était sélectionné, j’ai ressenti une immense joie.
![](https://www.prixdesauteursinconnus.com/wp-content/uploads/2023/12/corinne-le-diraison.jpg)
La villa rouge est votre premier roman. Comment s’est fait votre chemin jusqu’à l’écriture ?
J’écris depuis toujours, même si j’ai rangé mon stylo pendant de nombreuses années. Une succession d’événements bienvenus m’a décidée à reprendre le chemin de l’écriture.
J’avais plusieurs sujets en tête. J’ai commencé par celui qui me tenait le plus à cœur. J’ai voulu la Villa Rouge comme un hommage pêle-mêle :
… au Lorient d’avant-guerre (c’était une très belle ville, hélas détruite à 80 % par les bombardements),
… aux somptueuses villas qui ornaient la côte de Larmor-Plage et dont la Villa Rouge était assurément la plus belle,
… à l’amour (j’avais envie de raconter l’instant de grâce qu’est la naissance d’un amour, qui plus est celle d’un premier amour),
… à l’amitié,
… à la Bretagne, et à tous ceux et toutes celles qui, face à l’Histoire ou dans leur quotidien, font preuve de courage.
J’ai procédé par étapes. J’ai commencé par faire des recherches historiques. Je n’ai pas la prétention d’être historienne mais je souhaitais que le récit soit cohérent avec l’époque où il se situe.
J’ai ensuite travaillé sur la trame et les personnages : chaque personnage avait sa fiche descriptive, tandis que j’ai détaillé l’histoire scène par scène, en notant les grandes lignes de chacune. Cinéphile, j’ai visualisé chaque scène comme celle d’un long-métrage avant de la coucher sur le papier.
Une fois que ma trame a été complète, j’ai commencé à écrire, sur mon ordinateur, en commençant par 1939 d’un bloc puis 1998.
J’ai ensuite alterné les scènes des deux époques.
Avant chaque phase d’écriture, un petit rituel s’est installé : j’écoutais « Hunting high and low » de A‑ha, qui me replongeait aussitôt dans l’univers de mes personnages.
Et j’avais toujours une grande tasse de thé ou de café à proximité de mon clavier !
Votre roman alterne entre passé et présent. Les clés du présent sont-elles toujours à rechercher dans le passé ?
La Villa Rouge alterne entre passé et présent car en tant que lectrice, j’aime beaucoup les histoires à double temporalité. La Nuit des Temps (René Barjavel), Toutes les histoires d’amour du monde (Baptiste Beaulieu), La Belle imparfaite (Cécilia Samartin) et Les fiancées du Pacifique (Jojo Moyes) font partie de mes livres préférés.
![](https://www.prixdesauteursinconnus.com/wp-content/uploads/2023/12/villa-rouge.jpg)
Je pense que le temps n’a pas toujours de prise sur les sentiments. J’avais envie de raconter l’histoire d’un amour, bref mais si intense qu’il vous marque toute une vie.
Certaines rencontres amicales ont également cette force.
Votre livre nous transporte en Bretagne, à Larmor-Plage, de manière très réaliste. Avez-vous écrit sur des lieux que vous connaissez ?
J’ai effectivement écrit sur des lieux que je connais très bien : je suis née et j’ai grandi à Lorient. La Villa Rouge a vraiment existé. Elle a malheureusement dû être détruite en 2013.
C’était une villa magnifique qui donnait sur la plage de Toulhars, à Larmor-Plage, où je vais depuis que je suis enfant.
La Villa Rouge m’a toujours fait rêver. Je la trouvais follement romanesque. J’avais envie de la faire revivre.
![Illustration de l'écriture d'un livre](https://www.prixdesauteursinconnus.com/wp-content/uploads/illustration-autoedition.png)
Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?
Quand j’ai terminé d’écrire le manuscrit de La Villa Rouge, j’ai commencé à chercher un éditeur. J’ai sélectionné une quinzaine de maisons d’édition ayant publié des romans proches de La Villa Rouge. Au bout de plusieurs mois, je n’avais reçu que deux réponses : deux refus.
J’ai alors réfléchi aux alternatives, en écartant l’édition à compte d’auteur, que je trouve coûteuse et incertaine.
En naviguant sur internet, j’ai découvert le concept de l’auto-édition. J’ai comparé les différentes plateformes et opté pour KDP (Amazon) qui, à mon sens, présente les avantages d’être souple, transparent et dont l’accès est gratuit.
L’auto-édition permet d’exister, même sans l’appui d’une maison d’édition.
L’auto-édition offre également une grande liberté de choix : par exemple, j’ai pu choisir le titre de mon roman et sa couverture (réalisée par ma fille aînée, ancienne élève des Beaux-Arts).
Comment faites-vous pour être un peu moins inconnue ?
L’inconvénient de l’auto-édition, c’est qu’il faut tout faire soi-même : démarcher les libraires, contacter les médias, communiquer sur les réseaux… Même si cela me demande beaucoup d’énergie, en plus de mon travail à temps plein, la promotion de La Villa Rouge est une fabuleuse aventure : en un an, j’ai eu la chance de faire plusieurs séances de dédicaces, de participer à l’émission de radio « Entre les lignes » de RCF Lorient et au Salon du livre de Riantec.
J’ai également participé au concours de nouvelles organisé par la médiathèque de Landévant, que j’ai gagné, à l’unanimité du jury, en octobre dernier.
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
Depuis cet été, je travaille sur mon prochain roman, qui se situera en Egypte, au début du XXème siècle. J’en suis au tout début ! Je peaufine actuellement la trame et les personnages. Je viens de me rendre en Egypte pour m’imprégner des lumières, des couleurs, des paysages et… pour visiter ce pays qui m’attirait depuis toujours.
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