Interview : Mélanie Rafin
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?
Lors d’un salon du livre, j’ai eu l’occasion de rencontrer Gaëlle Ausserré et d’échanger avec elle. J’ai donc suivi ses conseils et j’ai envoyé mon petit flamant.
Lorsque j’ai appris que j’étais sélectionnée, j’étais à la fois surprise et ravie. Pour moi, c’est déjà une énorme reconnaissance d’avoir eu l’honneur de faire partie des romans sélectionnés. J’ai donc pu faire profiter ma famille d’une sublime danse de la joie.
Le rire du flamant rose n’est pas votre premier roman. Comment s’est fait votre chemin jusqu’à l’écriture ?
Le rire du flamant rose est mon quatrième roman. Je me suis lancée dans l’écriture en 2019 poussée par une adorable petite fée qui me ressemble beaucoup, parait-il. En effet, ma chère maman, Gabrielle Desabers, est écrivaine depuis plusieurs années et ne cessait de me répéter que j’avais moi aussi du talent et que je devrais me lancer. En 2019, j’ai donc enfin écouté les bonnes paroles de maman (comme quoi, il faut toujours écouter ses parents !). Mais j’avais besoin de me sentir soutenue pour ce premier roman. J’ai donc proposé une idée à Gabrielle qui a accepté d’écrire ce premier livre avec moi. En novembre 2020, nous sortions notre premier 4 mains, Si tu revenais.
Vous aurez noté que j’appelle ma chère mère Gabrielle. Je me dois donc de vous donner une petite explication. Je vous rassure, je la nomme bien « maman » lors de nos repas de famille. En revanche, lorsque je parle d’elle dans le milieu littéraire, j’ai pris l’habitude de l’appeler Gabrielle. En effet, lorsque j’ai débuté, je ne souhaitais pas être étiqueté comme la « fille de ». D’une part, Maman avait déjà une belle notoriété et je voulais faire mes preuves toute seule comme une grande sans bénéficier de son aura. D’autre part, nos styles étant très différents, je souhaitais conquérir un lectorat différent du sien. Depuis, nous avons fait notre « coming out » et « avoué » que nous étions mères et filles. Cela a surpris beaucoup de personnes. Certains étaient même persuadés que derrière Mélanie Rafin se cachait Gabrielle qui avait pris un nouveau pseudo pour s’essayer à un nouveau genre littéraire. Eh bien non ! Même s’il parait que je lui ressemble de plus en plus en vieillissant, je suis bien sa fille !
Comme beaucoup d’auteurs vous le diront, quand vous avez mis le doigt dans l’écriture, vous ne pouvez plus vous en passer. J’ai donc poursuivi l’aventure en solo directement après.
Cette réponse vous paraitra peut-être bateau, mais je m’inspire de la vie tout simplement. J’aime aborder les sujets de société et je me base également sur mon quotidien de femme et de mère.
Pour Le rire du flamant rose, je souhaitais parler de toutes ces amitiés passées si puissantes et à la fois si douloureuses que nous avons tous vécues. Puis, j’ai placé mon intrigue dans un lieu bien loin de ma Bretagne adorée, mais que j’apprécie énormément : Val Thorens.
Lorsque je commence à écrire, je pars toujours d’une simple petite idée que je laisse murir et pousser. Je tente de me discipliner au fil des années, mais je reste une autrice jardinière. J’aime me laisser porter par mon histoire et par mes personnages.
Pour écrire chacun de mes romans, je m’installe confortablement avec ma tasse de thé, je visse mes écouteurs dans mes oreilles (surtout pour atténuer l’agitation ambiante dans mon chez-moi) et je choisis toujours des playlists en lien avec l’humeur de mes personnages.
Avec des personnages qui campent chacun un type humain contemporain, dans un cadre qui aborde des thématiques de notre société sur l’éducation ou le poids des origines sociales, avez-vous voulu flirter avec le roman social de mœurs ?
Je ne crois pas pouvoir dire que j’ai écrit en suivant un objectif précis. D’une manière générale, j’ai beaucoup de mal avec les catégories de romans. Je n’ai jamais pu entrer dans une case et je crois que j’éprouve la même difficulté avec mes écrits.
J’aborde les sujets qui me touchent particulièrement sans vraiment envisager un style de roman particulier. Avec trois petits mecs à la maison, l’éducation représente une grande part de mon quotidien. Sans doute comme beaucoup d’auteurs, je m’inspire de mon quotidien. Finalement, je mets toujours une partie de moi dans chacun de mes romans.
Vous faites passer les lecteurs du rire aux larmes. L’humour est-il un moyen de doser l’émotion ?
L’humour fait partie intégrante de ma vie. Notre monde est quand même bien souvent triste et anxiogène, je préfère rire de toutes les situations plutôt que de les vivre difficilement. Je tourne en dérision bon nombre de moments du quotidien. Je serais bien incapable d’écrire un roman totalement sérieux. Je ne vois pas l’humour comme un moyen de doser l’émotion, mais plutôt comme la base même de mes écrits. Dans la vie, je veux rire et transmettre cela auprès des gens qui m’entourent.
Votre manière d’écrire est directe – certains disent crue. Est-ce important de bousculer les conventions classiques d’écriture ?
J’ai effectivement remarqué que ma manière d’écrire pouvait paraître trop crue pour certaines personnes. Même s’il est vrai que je n’aime pas tergiverser et que je préfère me montrer directe, je ne pense pas que le terme « cru » soit celui qui caractérise le mieux mes romans. Mais, j’avoue que cela m’amuse de choquer par moment.
Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?
J’ai choisi l’auto-édition toujours conseillée par Gabrielle qui a pu tester aussi l’édition traditionnelle. Je ne regrette absolument pas mon choix. Je suis libre d’écrire ce qu’il me chante et de sortir mes romans quand je le souhaite. Puis, en toute honnêteté, si je peux aujourd’hui vivre de ma plume, c’est aussi parce que j’ai fait le choix de l’auto-édition. En revanche, tout n’est pas tout rose. S’auto-éditer, veut dire tout gérer soit même. La partie que j’affectionne le moins reste la communication. Je n’étais que très peu au fait du fonctionnement des réseaux sociaux avant de me lancer en tant qu’autrice et j’avoue que ce monde m’est encore bien souvent étranger.
En trois ans, j’ai réussi à créer une petite communauté adorable. Puis, la visibilité apportée par Amazon est indéniable.
Je peine un peu à expliquer pourquoi je peux aujourd’hui vivre de ma plume. Je dirais que c’est la persévérance qui paye en premier lieu. En effet, mes deux premiers romans n’avaient pas rencontré un succès fulgurant. Mais je n’ai rien lâché. Pourtant, comme tous les auteurs, j’étais tentée d’abandonner. C’est dur de mettre tout son cœur dans un roman qui ne rencontre que peu de lecteurs.
Lors de la sortie de mon troisième roman, Les fourberies du poisson rouge, j’ai été ravie, mais aussi surprise de voir à quel point il plaisait. En deux semaines, il était propulsé dans le top 100 des meilleures ventes sur Amazon. Pourquoi ? J’avoue que je ne sais pas. Je me doute que cela peut paraître étrange, mais je ne dispose pas de la recette magique. Je suppose que la couverture a plu et que le bouche-à-oreille a fait le reste.
C’est à partir de ce roman que j’ai pu vivre à 100% mon rêve et me consacrer à l’écriture en quittant l’éducation nationale.
Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
Je viens de mettre un point final à mon dixième roman qui est sorti le 1er décembre. Cette fois, je me suis lancée dans un genre que je n’avais pas encore expérimenté. Ce nouveau bébé livresque sera un friends to lovers ! J’espère qu’il plaira autant que les précédents. Même après dix romans, je suis toujours terriblement angoissée de déposer mes écrits entre les mains des lecteurs.
Merci beaucoup pour cet échange super sympa! Et surtout merci aux organisateurs de ce super concours 😍😍
Merci de votre participation et de vos encouragements