Interview : Damien Galland

Interview : Damien Galland

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionné ?

Bonjour à tous. Une lectrice m’a parlé pour la première fois du prix des auteurs inconnus lors d’un salon auquel je participais. J’ai mis le concours de côté puis une publication sur Instagram m’a fait de l’œil. Je me suis empressé de proposer ma candidature, sautant de joie lorsque j’ai appris que j’étais sélectionné. Un prix est essentiel pour un auteur en quête de visibilité, surtout pour un auto-édité qui ne bénéficie pas de l’appui d’une maison d’édition, même de petite taille.

Addictions n’est pas votre premier roman. Comment s’est fait votre chemin jusqu’à l’écriture ?

Adolescent, je composais des poèmes abordant des sujets qui me tenaient à cœur.

 

Il y a de cela environ quatre ans, un film m’a donné envie d’écrire un roman sur le thème de la vengeance (Split). Je me suis lancé dans l’aventure en me mettant dans la peau d’un père de famille lambda qui perd sa fille et sa femme lors d’un meurtre gratuit. Comment se relever après un tel traumatisme, trouveriez-vous la force de faire justice vous-même ? L’idée était d’écrire pour les autres, j’ai d’ailleurs déposé une version accessible à tous sur internet. C’était pour moi la rédaction de mon premier roman, processus long et complexe, parsemé de doutes, de relectures, d’adaptations.

Mes sources d’inspiration sont diverses et variées : des romans, des BD, des films et séries, des sujets d’actualité que je relate dans mes thrillers. J’avoue que cela tourne à plus de 90% autour du thriller, je laisse un peu de temps à Ken Follet ou encore des auteurs tels que Julien Sandrel pour découvrir des styles différents.

J’apprécie plusieurs auteurs français et étrangers, les plus connus, même si je lis de moins en moins ces derniers mois. Mes références sont : Lovecraft, Poe, Ellis, Hayder, Thilliez, Chattam, Lebel, et bien d’autres !

Dans quelles conditions écrivez-vous : êtes-vous papier-crayon ou pas, silence ou playlist ?

Je rédige l’idée principale sur du papier, ce qui se résume en fait à un titre ou une ligne, le reste est tapé à l’ordinateur dont je suis coutumier dans mon métier.

Quant au fond sonore, cela dépend de la scène que je suis en train d’écrire, mais le plus souvent Playlist rock/métal. Je ne cherche pas à sélectionner de morceaux précis en rapport avec le thème du roman. Je joue un peu de guitare électrique, donc il faut que ça arrache !

Comment vous est venue l’idée d’écrire Addictions ?

Je ne saurais pas exactement dire quand l’idée d’Addictions a germé dans mon esprit. Je voulais sortir du cadre géographique local de mon premier roman, pour m’évader et faire ainsi voyager le lecteur. J’ai alors bâti mon scénario sur des thèmes qui m’animaient à cette période.

Je n’ai pas écrit avec un processus d’écriture formalisé. Je suis du style architecte car j’ai besoin de la trame de fond, jardinier une fois que le décor est fixé, ce qui veut dire que je sais de quelle façon commence un chapitre et également comment il se terminera, mais rarement ce qui se trouve entre les deux.

Votre roman est sanglant et n’est pas à mettre entre toutes les mains. Une jurée l’a comparé au film Seven, faisant aussi l’analogie entre les addictions et les péchés capitaux. A quoi sert la description de la violence dans la fiction ?

La description de la violence est pour moi un ingrédient essentiel qui contribue à une immersion totale du lecteur. La fiction devient alors réalité. Plus la scène est précise et plus le tableau sera facile à imaginer, c’est en quelque sorte un aimant qui captera l’attention.

Le second point est de mettre en lumière le degré de complexité et de folie dans lequel se trouve l’âme torturée qui a commis le crime. Seuls des êtres possédant une histoire jonchée d’événements tragiques qui ont contribué à les modeler en développant un côté sombre prédominant sont capables de laisser exploser tant de violence. Ces personnages m’ont toujours passionné car ils sortent du cadre de la normalité et sont considérés comme des monstres, la difficulté étant de comprendre le cheminement évolutif qui les a fait basculer dans la haine.

Le dernier point est que mon écriture se veut noire et glauque car c’est pour moi une manière de faire naitre des émotions. Chaque lecteur possède sa propre échelle d’acceptation. Les addicts de films d’horreur trouveront cela gentil, les amateurs de feel-good gore, les lecteurs de thriller bien décrit. Je recherche à faire naître des émotions, et je pense que cette description de la violence y contribue. Pour être honnête, mes scènes sont plus dans la catégorie « bien décrit », loin du gore.

Vous mettez en scène un Indien qui représente la connexion avec la nature. Avez-vous voulu faire passer des messages ?

Mes romans sont des messagers. Addictions se veut basé sur un fait réel ayant lieu dans « la zone de la Mort du parc de Yellowstone ». En tant qu’amoureux de la nature et sportif, les grandes étendues ainsi que les richesses naturelles du parc m’ont séduit. Embarqué à quelques milliers de kilomètres, mes recherches m’ont amené à la culture amérindienne. Il me semblait essentiel d’intégrer ce peuple opprimé qui vit en accord avec la Nature. Je m’insurge lorsque des opprimés sont chassés de leur territoire (le sujet est malheureusement d’actualité).

J’ai abordé d’autres thèmes, tels que le système de santé aux États-Unis, la manipulation psychologique qui reste un sujet qui me fascine et à la fois me terrifie (vous ne me verrez jamais à un spectacle de Messmer !).

Votre écriture est très cinématographique. Notamment, vous décrivez avec beaucoup de vraisemblance la « zone de la mort » américaine, au sein du parc de Yellowstone, dans laquelle se situe l’action contemporaine. Avez-vous pensé à transformer le roman en scénario ?

Le sujet est remonté quelques fois dans des commentaires. Je suis en train de travailler avec une personne afin de transcrire le roman en typographie scénique, ce qui est bien éloigné de ce dont j’ai l’habitude. Nous verrons si cela aboutit. Ce point avait été évoqué lors de mon premier roman, mais je n’avais pas franchi le pas. Trouver des personnes ayant les bons contacts n’est pas chose facile. À bon entendeur !

Illustration de l'écriture d'un livre

Comment êtes-vous venu à l’auto-édition ? Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?

Je suis venu à l’auto-édition à la suite d’une recommandation par un ami. Mon premier roman avait été écrit pour le fun. J’ai vite été pris au jeu de l’édition. J’avais effectué des demandes, à compte d’auteur, mais je n’ai pas donné suite (je déconseille pour les nouveaux !).

Les avantages de l’auto-édition sont que vous ne perdez pas d’argent, avez le contrôle sur vos stocks, pouvez changer le contenu (très pratique pour corriger ou modifier des choses !), modifier votre couverture, décider du prix de vente. Par-dessus tout, vous possédez une liberté totale sans pression de résultat, cela reste avant tout une passion, pas un métier !

Les inconvénients sont le manque de visibilité et de pub, de disponibilité dans toutes les librairies, l’investissement pour la relecture et les corrections (vous êtes presque seul, heureusement que mes bêta-lectrices m’épaulent dans l’aventure), et enfin de trouver des salons de taille raisonnable.

Comment faites-vous pour être un peu moins inconnu ?

Je participe à des salons, organise des journées dans les supermarchés autour de chez moi, envoie des exemplaires à des chroniqueuses, fais un peu de pub sur les réseaux sociaux.

Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?

Mon troisième roman, Oxygène, qui aborde le thème du réchauffement climatique est sorti en mars 2023. Je travaille actuellement sur mon quatrième qui abordera le cout de la vie ainsi que la pauvreté. Je pense qu’il sera disponible mi-2024.

 

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