Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud. Avec ce livre, Clara Arnaud nous fait approcher avec intensité et émotion « la part sauvage qui a résisté dans les interstices du monde » (p. 242). Un moment de lecture très fort que ce roman qui se déroule en Ariège, dans les montagnes au moment de l’estive, parmi les bergers et leurs bêtes, les défenseurs de l’ours, les éthologues qui étudient son comportement, le tout rythmé par le récit en alternance d’un montreur d’ours du village mort à New York au début du 20ème siècle.
Les principaux personnages que l’on suit sont Gaspard, un berger salarié par les éleveurs du village, et Alma, une éthologue qui a vécu des expériences en Alaska. Tous deux séparément sont confrontés à la relation qu’ils entretiennent avec la nature et le monde sauvage, aux questions posées par la réalité du monde d’aujourd’hui et son rapport à cette nature, et chacun d’eux essaie d’aller au bout de ses convictions, tandis qu’une ourse plus audacieuse que les autres sème la panique dans la vie pastorale de cet été de canicule.
On est complètement immergé dans cette ambiance particulière, dans la rudesse et la magnificence des paysages, dans les interactions entre humains et animaux, chiens, chevaux, brebis, ours, tout est décrit avec justesse et minutie, les émotions sont livrées à chaud et on ne lâche pas le livre avant la fin. Une fin qui n’en est pas vraiment une pour tout le monde, si ce n’est que des messages passent, à la fois clairs et furtifs, qui nous parlent de la vie, de la mort, et de ce qu’est aussi l’humanité, peut-être l’acceptation du sauvage en soi ?