Interview : Anthony Lamacchia
Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?
Bonjour, j’ai connu le prix via les réseaux sociaux, notamment Instagram. Comme c’était un prix dédié aux indépendants et petites maisons d’édition, j’ai décidé de tenter ma chance. Je n’ai pas vraiment hésité, qui ne tente rien n’a rien ! Quand j’ai vu que Ils viennent pour nous avait été sélectionné, j’ai été très flatté.

Ils viennent pour nous n’est pas votre premier roman. Comment s’est fait le chemin qui vous a amené à écrire pour être lu ?
L’envie d’écrire, je l’ai eue très jeune. J’ai commencé à écrire adolescent avec des fan-fictions de films ou de jeux vidéo. La volonté d’écrire pour être lu est venue quand j’étais à la fac. J’étais en lettres modernes et ça m’a beaucoup appris sur comment était construit un roman et pourquoi tel ou tel auteur écrivait. Mon premier roman, je l’ai terminé à 20 ans, mais c’est à 29 que je me suis lancé dans l’auto-édition.
La première idée de Ils viennent pour nous, c’était d’écrire un roman se déroulant durant le confinement de 2020. Une espèce de huis clos géant dans un quartier résidentiel, avec une menace invisible à l’extérieur des maisons et la peur des habitants de sortir dans la rue. Finalement, ça ne se passe pas durant le confinement, mais l’idée générale est restée et j’y ai greffé le sujet de la famille, de la parentalité, de la paternité. Et ce n’est pas anodin : en 2020, je m’installais justement dans un quartier résidentiel avec ma compagne et sa fille…
Globalement horrifique, votre roman nous emmène dans un univers qui emprunte d’une part au polar ou au thriller, et d’autre part au fantastique et à la sorcellerie. Pour quels lecteurs avez-vous écrit ce roman ?
C’est clairement pour les amateurs de fantastique et d’épouvante. Je le qualifie plus de thriller horrifique que de polar, car il y a une forte tension, du suspens. On oublie souvent que le thriller n’est pas forcément un policier ou un récit d’enquête (même si c’est rare). Pour situer le genre, l’ambiance, je parle de Stephen King, de Clive Barker, de Maxime Chattam et Cédric Sire (quand ils font du fantastique) et ça semble parler à beaucoup de lecteurs.
Vous avez une écriture très visuelle, notamment quand il s’agit de convoquer des figures de monstres. Avez-vous pensé à une adaptation cinématographique ?

Je suis assez premier degré et très visuel dans ce que j’écris, et forcément, j’aimerais beaucoup une adaptation cinématographique de ce roman. Mais j’avoue ne pas prendre le temps de m’y intéresser, je me concentre surtout sur mes autres projets et sur la communication de mes livres. Evidemment, j’adorerais qu’on me propose un projet de film, mais je sais d’expérience qu’on vient rarement vous chercher, à moins que vous ne sortiez du lot et je ne pense pas que ça soit encore mon cas.
Votre roman aborde aussi la question de la parentalité. Avez-vous voulu faire passer un message ?
Je ne sais pas si faire passer un message est vraiment le but, je n’aime pas être moralisateur. J’aime cependant questionner, poser une problématique et l’aborder sous des aspects atypiques. L’horreur et le fantastique sont d’excellents genres pour ça : ça permet de mettre en relief énormément de sujets qui peuvent nous concerner. De les voir sous des aspects différents, exagérés, déformés. C’est une forme d’expression très libre, et très divertissante aussi.
Dans le cas de Ils viennent pour nous, on suit une famille, principalement le père de cette famille, qui est confrontée à des phénomènes paranormaux, de plus en plus terrifiants, et donc : qu’est-ce qu’il se passe dans cette situation extrême, surréaliste ? Qu’est-ce que cela va révéler chez lui, chez les autres ? Ça permet d’aller loin dans la réflexion sur l’humain car on sort des limites du réel.

Comment êtes-vous venu à l’auto-édition ?
Un peu par hasard. Un ami s’y était essayé et m’avait conseillé de tenter si je ne trouvais pas d’éditeur. J’aimais bien l’idée d’avoir le contrôle sur toutes les étapes éditoriales et je me suis lancé. Mes débuts n’étaient pas terribles, mais je me suis amélioré et comme j’avais de bons retours, j’ai continué.
Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?
Je pense que le premier avantage, c’est qu’on peut tout décider et que le livre nous appartient bel et bien. Quand vous signez un contrat d’édition, ce n’est pas vous le patron de votre projet. Il faut cependant se former ou faire appel à des gens d’expérience pour faire du bon travail. Ecrire, c’est une chose, mais ce n’est qu’une seule partie dans la création d’un livre. Auteur est loin d’être une activité solitaire. Et bien sûr, l’aspect financier n’est pas négligeable : on touche beaucoup plus en étant indépendant qu’en étant dans une ME classique.
Toutefois, c’est beaucoup de travail et c’est peut-être le premier inconvénient : vous devez tout gérer, rien à voir avec le confort que peut apporter une ME sérieuse. Et c’est encore problématique pour participer à certains prix ou salons littéraires… Heureusement, ça s’améliore de plus en plus.
Quelle serait votre plus belle récompense d’auteur ?
Je ne suis pas sûr de savoir si je préfèrerais pouvoir en vivre ou que mon travail soit simplement reconnu. Je suis déjà très content du chemin parcouru.
Depuis 2018, vous avez publié six livres en six ans. Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?
Bien sûr. Il est en cours d’écriture. J’en ai déjà parlé sur les réseaux et en salons, mais mon prochain projet sera très long (du moins pour moi) et je devrai le découper en trois tomes. C’est la première fois que je travaille sur une histoire aussi longue et pour des soucis de cohérence, je tiens à tout écrire avant de publier le premier livre, donc forcément, ça prend du temps. On sera sur de la fantasy, avec des vampires, des éléments de science-fiction, de la musique metal… Je suis assez content de ce que je vous prépare, mais ça demande encore pas mal de travail.
