Interview : Julien Rochard

Interview : Julien Rochard

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionné ?

Étant actif sur les réseaux sociaux, j’ai découvert le PAI via Instagram. J’ai trouvé l’idée très intéressante pour la mise en avant des auteurs et le fait que le prix se compose de quatre catégories bien distinctes m’a immédiatement séduit. C’est ainsi que j’ai décidé de proposer Once Upon A Crime pour la catégorie Noire. Le Conteur avait peut-être sa chance ! Je n’y ai pas cru quand j’ai reçu le mail pour les finalistes ! C’était incroyable, une nouvelle étape dans mon aventure littéraire !

Once Upon a crime est votre premier roman. Comment s’est fait le chemin qui vous a amené à écrire pour être lu ?

 

La lecture m’accompagne depuis mon enfance. Mes parents étaient littéraires et c’est donc sans surprise que les livres ont rempli ma vie. De la bibliothèque verte aux romans de Stephen King, je me suis nourri des mots. Je trouvais tous ces univers aussi fascinants les uns que les autres. J’ai commencé l’écriture d’un premier roman lorsque j’avais 28 ans. Suite au décès de mon beau-père, je n’ai pas eu la force de le continuer et le projet n’a pas abouti. Ce n’est qu’en avril 2022 que l’idée de Once Upon A Crime a germé dans ma tête. Je m’étais toujours dit : tu dois écrire un roman avant 40 ans ! Le roman a été publié un an plus tard en 2023. Un parcours difficile pour moi, car mon père m’a quitté en mai 2022 et ma mère en janvier 2023. Je crois que leur départ m’a insufflé une force. L’écriture a été une porte de sortie, un nouveau souffle dans ce chaos.

Alors comment m’est venue l’idée d’écrire ce roman ? Bien sûr, je voulais écrire un thriller ! J’adore les romans policiers et ces intrigues complexes. D’ailleurs, l’auteur dont je me sens proche est Maxime Chattam, sans hésiter. J’adore son style et sa manière de décrire la noirceur de l’âme humaine. Il aborde également certains faits de société et met en garde à travers ses histoires. J’apprécie beaucoup son écriture. Comme lui, je crois, je me demande parfois comment je peux écrire des histoires si sombres… si ce n’est pour le plaisir des lecteurs et lectrices !

Vos personnages parisiens ont des noms américains… il est vrai que vous avez écrit un thriller, genre porté avant tout par les anglo-saxons. Quelles ont été vos inspirations ?

Oui, ils ont des noms américains ! D’ailleurs, une partie de mon lectorat me l’a bien fait remarquer ! Pour d’autres, cela n’a posé aucun problème. N’oublions pas que la littérature policière offre une grande place à la fiction ! Plus sérieusement, le nom de Jack Walsh, mon personnage principal, a été trouvé assez rapidement. Même si l’intrigue se déroule à Paris, j’ai trouvé intéressant d’intégrer un policier d’origine franco-britannique. Étant formateur en langues étrangères, j’ai lu de nombreux romans en anglais et c’est sans doute une des raisons qui m’a poussé à choisir ce patronyme pour mon héros ! Les autres personnages ont suivi naturellement (Maggie Marsh, Stéphane Sanders). Pour d’autres, plus secondaires, je suis resté sur des noms bien français. Par ailleurs, comme vous l’avez signalé, c’est un genre qu’affectionnent particulièrement les Anglo-saxons. Aujourd’hui, le texte a été modifié, notamment sur la mise en page, mais j’ai tenu à conserver les mêmes noms. C’est mon premier roman et Jack Walsh m’accompagne depuis le début de mon aventure ! Je ne me vois pas m’en séparer !

Depuis Bettelheim, nous savons bien que les contes ont leur côté obscur. Mais d’inconscient, vous faites basculer ce côté obscur dans une réalité hors de contrôle, que n’avait certainement pas anticipé Charles Perrault : comment vous est venue l’idée de créer le Conteur, serial-killer ?

 

Je souhaitais trouver une thématique originale et y inclure un serial killer. Une chasse à l’homme implacable, un jeu du chat et de la souris comme dans « Seven ». Le personnage du Conteur m’a séduit, cet homme qui s’inspire des contes pour rétablir la vérité. Revisiter les histoires édulcorées de Perrault dans une atmosphère sombre et anxiogène, c’était top ! Pour le titre, je me suis creusé les méninges. Au départ, j’avais pensé à « Et ils moururent heureux » et puis au milieu de la nuit, j’ai trouvé « Once Upon A Crime » ! Le jeu de mots avec « Once Upon A Time » était parfait ! J’avais mes personnages principaux et le titre, j’allais enfin pouvoir commencer l’écriture ! Mes recherches ont porté sur les contes originels que j’ai par la suite adaptés dans le roman.

Le conteur est un homme torturé, machiavélique et qui prend plaisir à faire ce qu’il fait. Un homme capable d’être l’incarnation du mal, mais aussi de la vérité. Il veut remettre les pendules à l’heure. Son but est de stopper les loups, comme dans le conte du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault. Et pour ça, il supprime les agneaux, lesquels sont de jeunes hommes se prostituant pour de l’argent. Chacun, en lisant le roman, y verra sa propre interprétation. En aucun cas, ma volonté première n’a été de dénoncer une société malade ou corrompue. Néanmoins, c’est ce que fait le Conteur. Il tue pour remettre les agneaux sur le chemin. (« Les loups sont partout, pourquoi n’es-tu pas resté sur le chemin ? »). Pour moi, en tant qu’auteur, il est l’élément moteur du roman. Celui qui donne un rythme et dont le lecteur attend chacun des actes les plus atroces ! Sans lui, Jack ne serait qu’un pauvre flic cabossé. Le Conteur lui donne un objectif, une raison de se battre, il lui offre une place sur le devant de la scène. Le conteur est celui qui raconte, qui transmet. Le nom m’est venu quand j’étais dans mon lit et je l’ai trouvé idéal !

Quelle est la fonction de la description de la violence extrême en littérature ?

Je dirais que tout dépend de l’objectif de l’auteur au moment de prendre la plume. Bien sûr, la violence est omniprésente dans notre société, à plus ou moins grande échelle. Once Upon A Crime est un roman sombre, mais qui ne glisse pas vers le glauque. Les victimes sont évidemment mutilées et la cruauté du Conteur est sans limites, mais il n’y a pas d’effusion de sang ou de chair sur les murs ! Ses meurtres sont propres, il y a une mise en scène. C’est un tueur minutieux qui sait ce qu’il fait. Oui, il est machiavélique mais opère avec une certaine précision ! Le rôle de la violence est de choquer, de faire ressortir nos émotions, parfois très enfouies, mais aussi d’amener à une prise de conscience universelle. Elle n’est pas que physique, elle peut être sociétale. Le fait que de jeunes hommes se prostituent pour un peu d’argent, n’est-ce pas là une forme de violence ?  

Comment êtes-vous venu à l’auto-édition ? Comment avez-vous choisi Librinova ?

 

Après avoir terminé l’écriture de mon premier roman, j’ai tout de suite voulu le montrer au monde entier ! Tout du moins, à mon entourage. J’ai tout d’abord trouvé la plateforme de Thebookedition.com qui m’a permis d’imprimer quelques exemplaires pour les amis et la famille. Puis, au travers de mes recherches sur Internet, j’ai découvert Librinova. La plateforme m’a convaincu de me lancer et de diffuser à plus large échelle le roman. L’équipe est professionnelle et à l’écoute. Même s’il faut acheter des services pour la diffusion, la correction… cela fait partie du jeu. Le choix de l’autoédition s’est fait naturellement. Aujourd’hui, je suis sur Librinova, the bookedition et Amazon KDP.

Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?

Clairement, la liberté ! Certes, l’auteur auto-édité se doit de porter de multiples casquettes, mais quelle satisfaction et quelle fierté ! Pouvoir choisir sa couverture, sa mise en page et surtout garder ses droits d’auteur ! Les redevances sont aussi plus importantes, ce qui n’est pas négligeable. Naturellement, la liberté a un prix… celui de faire tout soi-même, ou presque. L’autoédition est une activité chronophage qui exige des sacrifices et de la patience ! La diffusion est moindre par rapport à l’édition traditionnelle et promouvoir ses ouvrages est loin d’être aisé ! Quoi qu’il en soit, c’est aujourd’hui un statut que je garde par choix, et non par nécessité.

Quelle serait votre plus belle récompense d’auteur ?

Je crois que je l’ai déjà eue ! Le fait de réaliser cette interview est déjà une belle récompense ! Le retour des lecteurs est une victoire de chaque instant. C’est ce qui compte à mes yeux. Gagner un prix est une valeur ajoutée, certes, mais ce n’est pas une fin en soi. Je participe à de nombreux salons régionaux et aimerais, au fil du temps, pouvoir viser de plus grands événements.

D’après Babelio, en 2024, vous avez déjà publié trois livres après Once upon a crime. Pouvez-vous nous en parler brièvement, ainsi que de vos projets ?

Effectivement, je vois que vous êtes bien renseignés ! Il s’agit de trois autres thrillers qui ont vu le jour sur les deux années après Once Upon A Crime. Cristal Parc est mon deuxième roman. Il se déroule à Clermont-Ferrand lors de la fête foraine de Cristal Parc (oui, elle existe vraiment !) Charlie, 6 ans, va disparaître et une femme va être retrouvée morte dans la Grande Roue. C’est un roman plus psychologique dans lequel j’aborde des thèmes plus durs. Le personnage principal, la lieutenante Camille Bréant, est une femme attachante et très humaine, appréciée par les lecteurs ! Elle va donc mener l’enquête et devoir faire face à ses démons. Un thriller haletant et bouleversant !

Mon troisième opus s’intitule SIX ! Cette fois-ci, nous partons à Lyon où Marc Dalmasso, commandant à la Crim’, et Olivia Delay, une jeune psychocriminologue, vont devoir mener une enquête sur une série de meurtres dont font l’objet des policiers des stupéfiants. On les retrouve égorgés et émasculés avec le dessin d’un dé sur leur torse ! Rien de très sympa, donc ! C’est un thriller rythmé et puissant pour public averti !

Enfin, mon quatrième roman porte le nom de L’œil de Phobos ! Place ici aux phobies ! L’intrigue se déroule à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie (terre où vit mon frère). De jeunes femmes sont retrouvées mortes, le visage figé et froid, et on leur a sectionné la moelle épinière. C’est un roman qui traite de nos peurs et comment les contrôler. J’ai fait beaucoup de recherches et l’intrigue est vraiment intéressante ! Et on retrouve le personnage de Camille Bréant, devenue enseignante à l’université ! L’occasion pour les lecteurs et lectrices de prendre part à une nouvelle aventure !

Actuellement, je travaille sur un cinquième roman, Paranoïa, dont l’intrigue se passe à Pretoria, en Afrique du Sud. Pour garder un brin de suspens, je ne dévoilerai pas ici l’intrigue ! Mais il risque de retourner vos neurones ! Par ailleurs, j’envisage de traduire mes romans en anglais afin de toucher le public anglophone, acteur incontournable dans la promotion de la littérature policière.

 

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