Interview : Cécile Carello

Interview : Cécile Carello

Pour introduire l’interview, pouvez-vous dire deux mots sur la manière dont vous avez connu le prix, décidé de candidater, et réagi lorsque vous avez su que vous étiez sélectionnée ?

 

J’ai connu le Prix des Auteurs Inconnus sur les réseaux sociaux. Je l’avais déjà découvert pour mon troisième roman, Rédemption, pour lequel je souhaitais candidater, mais l’étape des soumissions étaient déjà closes malheureusement. Donc, me voilà avec Elle(s) et cette fois-ci, je n’ai pas manqué le rendez-vous.

Lorsque j’ai appris que j’étais sélectionnée, j’étais très honorée et très heureuse de faire partie de cette belle et nouvelle aventure. C’est ma première participation à un prix.

Elle(s) est votre quatrième roman. Comment s’est fait le chemin qui vous a amenée à écrire pour être lue ?

J’ai toujours su que l’écriture serait le moyen propice pour retranscrire mes histoires et partager des émotions avec mes lectrices et lecteurs. J’aime penser que des personnes s’évadent quelques heures, quelques jours avec mes histoires. Qu’elles perdent la notion du temps, oublient quelque temps leurs problèmes… Et en même temps, j’aime penser que ces histoires font naître des réflexions, des questionnements.

Mes sources d’inspiration sont avant tout l’actualité, les faits de société, les injustices qui me révoltent, les combats pour l’égalité des femmes, pour la maltraitance des animaux, et tant d’autres qu’il faudrait plusieurs vies pour écrire sur tous ces sujets brûlants. Bien sûr, je romance mes histoires, mais chacune d’entre-elles dénonce un sujet qui me tient à cœur.

Il y a beaucoup d’auteurs dont je me sens proche. Pour n’en citer que quelques-uns, je commencerais par des auteurs tels que Caroline Quine, Enid Blyton et Georges Chaulet qui ont bercé toute mon enfance. Cela peut faire sourire, mais c’est grâce à Alice Détective, Fantômette et le Club des cinq que j’ai découvert l’évasion de l’esprit par la lecture et que j’ai découvert le genre policier. Un régal !

Puis en grandissant, je me suis attachée à d’autres auteurs tels qu’Agatha Christie, Mary Higgins Clark, Stephen King, Guillaume Musso, Fred Vargas, Jean-Christophe Grangé… La liste est non exhaustive.

Pour faire la transition avec Elle(s), mon nouveau roman, c’est un livre qui me tenait vraiment à cœur. Il porte sur les violences faites aux femmes, fait de société malheureusement toujours d’actualité. Depuis bien longtemps, j’avais envie d’aborder ce sujet. Pourquoi maintenant me direz-vous ? Quel fut le déclencheur qui m’a fait sauter le pas après tant d’années d’attente pour l’écrire ? Je vous répondrai : le premier confinement. Lorsque le gouvernement a décidé le premier confinement en mars 2020, c’est fou, mais ma première pensée a été pour Elles… Toutes ces femmes qui allaient être prisonnières de leur bourreau, sans plus aucune échappatoire… Il me semblait alors qu’affronter le Covid pour ces femmes, était beaucoup moins risqué et dangereux que de rester coincées pour on ne sait combien de temps avec leur bourreau. Je me sens privilégiée par rapport à tout ceci et chanceuse, car je n’ai jamais connu de tels drames dans ma vie personnelle.

Sur ces thèmes des féminicides et des violences faites aux femmes, les langues se délient. Est-ce que votre roman s’inspire d’une histoire vraie ?

Je trouve que les langues ne se délient pas assez à mon goût. Même, si des avancées sont faites dans ce domaine, je ne le nie pas, ça n’avance pas assez vite. Comment au 21e siècle nous en sommes encore là ? Elle(s) s’inspire d’une histoire vraie, une histoire qui dure depuis la nuit des temps…

Vous vous adressez explicitement aux lecteurs, vous donnez des statistiques pour informer sur les féminicides… quelle est la fonction de ces passages dans un texte littéraire ?

Oui, je m’adresse explicitement aux lecteurs et je donne des statistiques pour inviter les gens à la réflexion, pour étayer mon récit, pour que les lecteurs se sentent un peu plus concernés, pour qu’ils se rendent compte de ce qui se passe dans le monde… La prise de conscience est difficile, je trouve, surtout pour les personnes qui ne sont pas touchées de près par des drames (pas que pour la violence faite aux femmes, bien d’autres sujets). Bien sûr, cela reste mon avis, mais je trouve que les gens se voilent la face, bouchent leurs oreilles, font l’autruche pour ne pas voir ce qui se passe tout près d’eux, pour continuer à vivre leur vie plus tranquille… Le monde est devenu tellement individualiste. Ils pensent que ces choses n’arrivent pas ici, près de chez eux ou pour leurs proches, qu’ils sont à l’abri de tout ça. Que ça se passe loin… Ailleurs… Ce qui permet à leur esprit de rester fermé et de ne pas se sentir coupable de ne rien faire. Alors que s’il entendait une femme crier à l’aide tout près d’eux… Ils se sentiraient obligés d’intervenir, ou bien de ne rien faire… Mais ils auraient entendu et cela peut faire apparaître une certaine culpabilité… Un certain mal-être… De ne pas avoir essayé de sauver la vie à quelqu’un alors qu’un simple geste, un simple appel à la police aurait pu tout changer. Je ne dis pas qu’il faut se mettre en danger soi-même, je pense simplement que nous avons quand même un rôle communautaire, solidaire, à jouer.

A qui votre livre s’adresse-t-il en priorité ? Aux femmes victimes de violences, pour les aider à prendre conscience de ce qu’elles subissent, à leur entourage qui ne voit pas toujours ou ne veut pas toujours voir, ou aux auteurs des actes de violence, qui restent trop souvent impunis ?

Je pensais en écrivant ce roman, toucher davantage l’entourage qui ne voit pas toujours ou ne veut pas voir… Les personnes qui ne sont pas touchées par des drames, pour faire évoluer les mentalités. Pour faire entrouvrir des yeux. Lorsque j’ai écrit ce roman, que l’on aime ou pas, je voulais sensibiliser les gens, les faire réagir, faire parler… Au vu de certains commentaires bons ou mauvais… Je trouve que pour l’échantillon des chroniqueuses du PAI, c’est assez réussi ! J’ai beaucoup lu que la fin arrivait trop vite, que certains passages allaient trop vite. Mais, c’était quelque part ma volonté d’instaurer cette notion d’urgence. Dire que tout peut arriver tellement vite… Et s’arrêter si net !

Ce roman est peut-être mal situé, aussi, dans la famille des genres… Difficile de se conformer aux genres littéraires des lignes éditoriales. Elle(s), finalement, est pour moi un roman social noir plus qu’un roman policier ou un thriller…

Comment êtes-vous venue à l’auto-édition ? Comment avez-vous choisi Libres d’écrire ?

 

Je suis en auto-édition depuis mes débuts. D’abord, parce que je ne suis pas une personne très patiente… Et qu’une fois que mon livre est écrit, prêt à être lu, je ne peux pas attendre d’éventuels retours d’une maison d’édition qui parfois n’arrivent jamais. Bien sûr, au début, j’ai envoyé mon premier roman à plusieurs maisons d’édition ciblées. Réponses négatives pour certaines ou bien pas de réponse du tout. Ce qui m’a fait prendre conscience que si je souhaitais être lue, je devais me débrouiller toute seule ! Mon objectif premier étant justement de partager plutôt que d’être à tout prix publiée.

Quels sont les avantages de l’auto-édition par rapport à l’édition traditionnelle, quels sont ses inconvénients ?

Les avantages pour moi, c’est la simplicité. D’être maître de tout ce que j’entreprends comme le choix de ma couverture, de mon titre… De ne pas avoir de pression d’un tiers. De choisir les salons et les librairies où je vais dédicacer mes romans. Financièrement, ma marge est plus confortable et mieux maîtrisée que si je récupérais les droits d’auteur versés par un éditeur classique.

Pour les inconvénients, c’est la visibilité qui manque. Il est difficile de faire soi-même sa propre promotion. Le prix pour l’auto-édition est aussi à prendre en compte. Pour ma part, je fais pour chaque roman un financement participatif qui me permet de financer les frais liés à l’auto-édition. Je remercie d’ailleurs mes lectrices (et lecteurs ?) qui me sont fidèles, qui me font confiance et participent activement à l’édition de mes romans. Sans elles (et eux), je n’existerais pas en tant qu’auteure.

Quelle serait votre plus belle récompense d’autrice ?

Ce n’est pas la célébrité que je recherche, mais plutôt la notoriété. Qu’on se souvienne de moi, laisser une trace. Que mes romans soient lus et que l’on se souvienne de moi, lorsque je ne serai plus…

Avez-vous un autre livre en tête, un autre projet d’écriture ?

Des projets à profusion ! De nouveaux romans, de scénarios… Oui. C’est ce qui me fait avancer dans la vie, avoir des projets dans mes passions. Sinon à quoi ça sert de vivre ? Il faut aller au bout de ses rêves, ou du moins essayer encore et encore de s’en rapprocher. Foncez, ça fait du bien !

 

Pour suivre l’actualité de Cécile Carello,  rendez-vous sur :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut