Fatima

Stéphane Rançon

« C’est son djinn, elle l’a vu. Il lui est apparu. », dit un homme tout près d’elle, d’une voix basse.
– Son djinn ?
– Chacun il a son djinn, Annie. L’esprit qui vous suit. Celui qui suivait ma mère, c’était un homme en boubou blanc. Moi aussi je l’ai vu. – Un esprit qui vous suit, comme un ange gardien ?
– Non les djinns ils sont pas des anges. Ils sont puissants. Parfois ils sont bons, parfois non. Ils apparaissent, nous on dit « Elle a vu son djinn. » Vous, vous dites « Elle a eu une crise. »

Dans sa grande maison, au fond d’une forêt d’Île-de-France, Annie, 90 ans, remue ses souvenirs de l’Algérie française et martyrise ses aides de maison.
Arrivée du Mali, Fatima se débat avec l’Administration qui lui refuse ses papiers. Annie embauche Fatima et celle-ci lui raconte son enfance au pays, les difficultés de sa condition de femme. Alors, la vieille dame se souvient : l’Algérie, son amie Marthe, la guerre. Peu à peu, les récits de Fatima réveillent un passé qu’Annie aurait peut-être préféré ne pas déterrer. Emmenant le lecteur dans deux pays du même continent, à deux époques différentes, Fatima lie les récits de Fatima la Malienne et les souvenirs d’Annie la Française d’Algérie. Le roman raconte l’histoire de ces deux femmes que leurs époques auraient voulu soumises, de pays déchirés et de destins brisés, qui se recollent comme les morceaux d’une même mémoire.

Stéphane Rançon a été avocat au Barreau de Paris pendant plus de dix ans avant de partir enseigner dans différents pays. Il vit actuellement en Tanzanie, Fatima est son premier roman.