Interview : Adrien Lioure

« L’imagerie » fait partie des sélectionnés de la catégorie Premier Roman

C’est au cours de stages en production cinématographique que vous avez développé le goût de l’écriture. Pourquoi être passé du scénario au roman ?

Tout d’abord, je souhaite préciser que je n’ai pas fait d’études de cinéma. Je travaille certes dans le milieu cinématographique mais je suis passé par une toute autre voie. C’est justement grâce à mes différents stages que j’ai pu m’insérer dans l’industrie.

Je ne suis également pas « passé » du scénario au roman, puisque je ne me suis jamais lancé dans l’écriture d’un long-métrage même si l’envie ne m’a pas manqué. Je me suis contenté d’écrire quelques petits courts-métrages, mais rien de bien sérieux. Cependant l’écriture scénaristique étant beaucoup plus codifiée et complexe, j’ai préféré me concentrer sur le format littéraire pour mes longs projets. Surtout que L’Imagerie ne se prête pas du tout à une adaptation, au vu du budget qu’il demanderait. Il faut être pragmatique, cette histoire n’aurait eu aucune chance d’accéder à un public via un écran de cinéma. Au moins, avec mon humble autoédition, complémentaire de la publication gratuite en ligne de L’Imagerie sur des plateformes type Wattpad ou Fyctia, j’ai la chance d’être lu et d’échanger avec une audience. Faible, certes mais présente, et extrêmement importante pour que je puisse progresser, et continuer à me motiver à écrire sur mon temps libre.

Cela dit, je compte bien un jour tenter de m’inscrire à un cours d’adaptation de roman au cinéma. Mais cela concernera un projet différent de L’Imagerie. Affaire à suivre donc…

Dans « L’imagerie », vous mettez en scène la douleur, le sommeil, la mort, et bien d’autres en tant que personnages. Tant et si bien que l’on se demande si votre inspiration ne vient pas d’un mélange de « Vice Versa », de Disney, et du mythe des Moires, déjà utilisé, par exemple, dans « Insomnie », de Stephen King. Ces œuvres ont-elles fait partie de votre inspiration ?

Commençons par retracer la chronologie de l’écriture de L’Imagerie. Je n’écris que sur mon temps libre, et ma passion pour le cinéma est particulièrement chronophage. Résultat ? J’écris très lentement. Vraiment très lentement. J’ai donc commencé à écrire L’Imagerie en Juillet 2014, et ne l’ai fini « qu’en » début d’année 2016. Après une publication progressive en ligne et g

ratuite, j’ai décidé d’autoédité ce roman en 2017, et ce surtout car j’ai eu la chance d’être coup de cœur de concours et d’avoir de très bons retours de mes lecteurs digitaux.

Tout cela pour dire que Vice Versa n’est sorti que durant l’été 2015, que j’ai adoré ce film, mais n’ai sur le coup absolument pas vu le rapport avec mon texte et suis surpris que tout le monde compare mon travail à cet animé. C’est flatteur, certes. Peut-être que je tenterai d’envoyer mon prochain texte à Disney. Quant à « Insomnie », je ne l’ai malheureusement pas lu. J’y jetterai donc un œil par curiosité !

J’ai bien été inspiré par un mythe, mais il ne s’agit pas des « Moires », même s’il est vrai que la comparaison est juste et intéressante. L’Imagerie est en quelque sorte une revisite du mythe d’Orphée, soit sa descente aux Enfers et son échec à ramener sa femme Eurydice dans le monde des vivants.

Doloris, protagoniste personnifiant la douleur, est dépeint avec plus de tendresse et d’empathie que les autres personnages. Avez-vous le même rapport à la douleur qu’Alix, le personnage principal de votre livre ?

La souffrance a toujours été au cœur de mes histoires. Dit comme ça cela parait glauque et déprimant, mais il est fascinant d’observer à quel point un nombre hallucinant de nos actions sont régies par une douleur, une souffrance. A quel point cette dernière sert de marque, nous permet de nous souvenir de ces moments passés difficiles pour pouvoir ainsi grandir, apprendre et nous adapter. En bref, la souffrance est essentielle et pourtant elle effraie. Nous faisons le maximum pour l’éviter, y échapper, alors que sans elle nous n’évoluons pas, nous devenons peureux, replier sur nous même et notre confort. Avec mes écrits j’essaye ainsi de mettre en lumière l’importance de ce sentiment dénigré.

Vous avez choisi l’autoédition pour publier votre premier roman. Pourquoi ?

J’ai d’abord proposé L’Imagerie à des maisons d’édition dédiées à la littérature de l’imaginaire, bien sûr sans succès. J’ai donc décidé de ne pas laisser cette histoire sans vie, et l’ai diffusé progressivement gratuitement sur des plateformes de type Wattpad, Fyctia, ou Scribay. Et cela s’est avéré être une riche idée, au vu du nombre de retours positifs et d’échanges sympathiques que j’ai pu avoir avec mes nombreux lecteurs. J’ai même été coup de cœur d’un concours Wattpad, et suis arrivé en finale d’un concours Fyctia. Je n’ai malheureusement pas gagné ce dernier, qui pouvait me permettre d’être publié par la maison d’édition affiliée à la plateforme, car mon texte a été jugé trop atypique.

J’ai tout de même trouvé dommage de m’arrêter là après ce parcours plutôt honorable, et me suis lancé dans l’autoédition pour tenter d’atteindre un nouveau public. Car il est vrai que l’audience sur internet reste très jeune, très féminine, et très branchée « young adult », « new romance ». Et avec moi, c’est peu dire qu’elles ne sont pas servies…

« L’imagerie » est votre premier roman publié, mais vous faites mention de « Ennoïa, la grande ellipse », comme premier roman écrit. Il est d’ailleurs sur la plateforme Wattpad. Comptez-vous le publier en autoédition ?

Non, « Ennoïa, la grande ellipse » compte beaucoup pour moi, mais à nouveau je suis réaliste. Le niveau d’écriture est trop faible, la construction narrative pose problème et même sur le fond, je n’ai pas toujours été cohérent. J’en suis très fier mais cela reste un travail « d’adolescent ». J’aime l’idée de le partager gratuitement si certains ont la curiosité d’aller s’y plonger, mais il n’a pas le niveau requis pour justifier une rémunération. J’aurais peur que mes lecteurs se sentent floués.

Vous écrivez de la Science-Fiction. Quel est votre auteur de SF préféré ?

René Barjavel, pour La nuit des temps particulièrement.

  • Pensez vous un jour écrire dans un autre registre ?

J’ai déjà écrit dans un autre registre avec Ennoïa, et suis en train d’écrire dans un autre registre. Ma prochaine histoire, si un jour je parviens à son point final, ne sera pas de la littérature de l’imaginaire. En fait, je pense qu’à terme L’Imagerie constituera l’anomalie au sein de mes histoires.

« L’imagerie » a été sélectionné pour le Prix des Auteurs Inconnus, que cela vous apporte-t-il ?

Tout d’abord, une très grande motivation. Cela me donne envie de continuer à écrire, malgré mon temps libre qui ne cesse de s’amoindrir. En tant qu’amateur, pouvoir avoir un minimum de reconnaissance est une chance rare. Et la création de ce prix est une aubaine pour grands nombres d’apprentis auteurs.

Ensuite, il est vrai que cela apporte une visibilité supplémentaire, autre denrée rare de l’autopublié. Pouvoir être lu et chroniqué par des blogueurs (ou devrais-je dire blogueuse, comme j’ai le sentiment que cette communauté de blogueurs est en fait constituée d’une grande majorité de blogueuses) est génial pour se faire connaître, mais aussi avoir des retours constructifs de la part de lecteurs aguerris.


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