Interview : Olivier Saraja

Olivier Saraja est l’auteur du roman Dino Hunter , concourant dans la catégorie Imaginaire.

 

 

Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs votre univers ?

Le but, lors de l’écriture de Dino Hunter, était de livrer une histoire rythmée, bourrée d’action et bien sûr un peu de sentiments et d’humour grâce au jeu des deux principaux personnages. C’est un ouvrage qui se revendique pulp. Chacun met ce qu’il veut, dans cette définition. Pour ma part, j’ai souhaité mettre en place un curieux mélange (jugez plutôt : à l’époque moderne, des dinosaures, des extra-terrestres et des agents gouvernementaux à la MiB), mais surtout faire en sorte que ce mash-up tienne la route. Il y a donc bien sûr une explication à ce curieux contexte, pour ceux qui craindraient un texte purement délirant ou carrément foutraque.

Comment vous est venu l’idée de votre roman ?

Les éditions Walrus étaient en France une maison qui n’hésitait pas à expérimenter, à s’engager hors des sentiers battus. Avec leur collection à couverture orange, ils se revendiquaient pulp, et ont un peu contribué à la (re)popularisation de ce genre. J’ai eu envie de leur offrir un texte sur mesure pour cette collection. Dino Hunter, avec son mélange atypique, est né de cette volonté là.

Quelles sont vos références en matière de littérature ? Votre genre de lecture de prédilection ?

Je ne lis que les genres de l’imaginaire. Je m’ennuie dans la littérature blanche, bien que de temps à autre je m’efforce d’en redécouvrir. Le premier auteur (anglo-saxon, je suis désolé) à m’avoir scotché au virus de la lecture a été Michaël Moorcock. Il y en a eu d’autres, en Fantasy: David Eddings, Glenn Coock. Côté SF, j’ai lu pas mal de classiques (Asimov, Vance) mais c’est Franck Herbert qui a à jamais touché mon cœur. Je relis régulièrement Dune, je le considère comme un chef-d’œuvre, au point que je n’ai jamais osé lire les suites. J’ai peur de mettre à mal le canon original, dans mon coeur. Mes activités éditoriales (les nouvelles du Labo, chez Walrus) et aux éditions du 38 (où Dino Hunter est republié) me font lire et découvrir pas mal de nouveaux auteurs. Certains me font sortir de ma zone de confort, je suis du coup obligé de quitter mes préférences directes, mais c’est la règle du jeu.

Combien de temps consacrez-vous à l’écriture ? Des moments privilégiés ? Avez-vous une méthode particulière pour écrire un livre ? Avez-vous des ficelles, des trucs, des manies, des objets fétiches, etc. ?

Pour être honnête, j’ai tout essayé. Le lieu : à la maison, au resto, dans un bar le soir, dans un café le matin (non, celui-là je ne l’ai jamais tenté), dans un bureau, sur la table de la cuisine, dans le canapé. Il n’y a pas de véritable endroit.

L’instant : tôt le matin, entre midi et deux, en « after-work », tard le soir. Il n’y a pas de véritable moment.

La seule chose qui fonctionne : ouvrir son ordinateur, son document, relire les deux dernières phrases, et recommencer. Ne jamais relire tout un chapitre, ou pire, depuis le début. Ne pas hésiter à retoucher une ou deux phrases. En particulier, traquez les problèmes de rythme: c’est magique, cela remet immédiatement le pied à l’étrier.

Pour le reste? Comme le suggère « Davoust », il faut « toucher son manuscrit » tous les jours, même pour un mot ou deux. Puis, comme le pratique « Desienne », il faut se fixer un quota de mots quotidiens, et essayer de s’y accrocher coûte que coûte (je tente en ce moment le 1000 mots par jour, et cela me réussit assez bien, car j’étais au final en moyenne à un peu plus de 500 mots par jour, ce qui me convient très bien).

Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets d’écriture ?

Je suis en train de mettre un point final aux aventures de Lady Bradsley, exploratrice de l’occulte. Une femme aux talents médiumniques, hantée par le fantôme de son mari, au tout débuts des années 1900. Cette période est super intéressante. D’une part, il y a un écho avec l’ambiance victorienne, surexploitée dans la littérature, mais qui reste du coup assez innovante. L’Empire britannique étend sa domination sur une bonne partie du monde, en concurrence avec la France et d’autres pays/royaumes européens. L’ombre de la première guerre mondiale se profile.

Je vais ensuite écrire… la suite de Dino Hunter. L’accueil du public est formidable, et on me réclame depuis plusieurs mois, à corps et à cris, une suite. Ce que vous avez entre les mains pour le Prix des Auteurs Inconnus a été écrit comme un one shot. Sa fin ouverte est pourtant une invitation à continuer l’aventure, ce que j’ai accepté de faire après quelques tergiversations.

Le fantastique est un élément auquel vous avez déjà fait appel. Qu’est ce qu’il vous plait à travers ce style ?

Ce qui me plait c’est tout simplement faire sortir le lecteur de sa zone de confort. Ce n’est pas si facile, car pratiquement tout a déjà été fait, vu, lu, entendu. Le but étant de ne pas être outrancier, ni dans la forme, ni dans les moyens. Surprendre en douceur. Arracher un sourire ici, un frisson, là. Une grande part de la production littéraire actuelle surfe sur des effets de mode, sur des choses qui marchent, et que tout le monde investit pour des questions de rentabilité. Le fantastique est un domaine qui autorise bien des marges de manœuvre sans tomber dans le mainstream.

Comment avez vous connu le prix des auteurs inconnus ? Qu’est ce qui vous a donné envie d’y participer ?

J’ai découvert le prix des Auteurs Inconnus à travers les réseaux sociaux. Les éditions Walrus commençaient à participer à quelques salons littéraires, et à présenter ses ouvrages au grand public plutôt que de les réserver au numérique, qui peinait trop à décoller. Je m’étais dit que c’était une bonne occasion de mettre une maison d’édition méconnue, bien qu’excellente, sous les feux des projecteurs. Depuis ma candidature, Walrus a malheureusement fermé ses portes (2018 a été une hécatombe, 2019 semble continuer sur la même lignée) mais le projet a été repris chez les éditions du 38.

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