Interview : Yann Déjaury

Yann Déjaury concourt avec « Quand les Hirondelles Me reviennent » dans la catégorie Premier Roman

La mémoire est le centre névralgique de l’être humain, on retrouve ici votre esprit cartésien et votre formation scientifique, pourtant vous arrivez à faire la part belle à l’imaginaire, comment cette intrigue s’est imposée à vous ?

L’intrigue de ce roman m’est venue lors d’une courte randonnée en solitaire pendant laquelle, l’espace de quelques secondes, j’ai éprouvé une étrange sensation. Je ne savais plus où j’étais et il a fallu que je me concentre pour revenir à la réalité. Scientifiquement parlant, cela fait partie des mystères de notre cerveau qui nous joue ce genre de tour régulièrement. Cependant, j’ai continué ma route avec une question qui me revenait sans cesse « Et si sur ce chemin, le héros d’un roman s’apercevait dans la seconde qu’il avait tout oublié de sa vie ? »

Au retour de la balade, j’ai éprouvé le besoin de poser un premier chapitre alors que je n’avais jamais écrit auparavant.

Les scientifiques ont souvent une imagination débordante qui les mène parfois à de grandes découvertes. C’est ce côté que j’ai laissé s’exprimer sans aucun filtre dans « Quand les hirondelles me reviennent ».

On sent un réel attachement aux valeurs de l’être humain, sans pour autant renier ses travers. Pensez-vous qu’un auteur puisse retranscrire les émotions sans prendre parti ?

Très bonne et difficile question ! Mon éducation fait que j’ai un profond respect pour autrui. A ce titre, je ne peux pas me permettre de juger mon personnage principal. Il a les qualités et les défauts que vous lui connaissez et si je devais prendre parti, jamais je n’aurais pu écrire son histoire. Avec lui, tout au long du livre, j’ai éprouvé ses craintes, sa tristesse, ses pulsions, sa joie et bien plus encore, sans aucun jugement ou prise de position.

Quel a été votre fil directeur, en partant du postulat que la vie est parsemée d’embuches, pour arriver à votre final, qui (sans spoiler) est une vraie révélation ?

Pour tout vous dire, je n’avais pas de fil conducteur… Je savais que mon personnage principal était un amnésique perdu sur un chemin de randonnée mais je ne connaissais pas ce qu’il lui arriverait. Les idées se sont greffées les unes aux autres pendant l’écriture. Après une dizaine de chapitres, la fin a commencé à se dessiner.

Ce qui arrive à Julien dans ce roman n’est autre que la vie, parsemée d’embuches, comme vous dites mais aussi de beaucoup de joie et de profondes réflexions.

Vous arrivez à rendre vos personnages attachants et très vivants, comment se sont-ils imposés à vous ? Certains sont-ils des références personnelles ? Des connaissances ?

Deux personnages m’ont été inspirés par mon entourage : Margueritte et Pomme-Pomme.

Margueritte tire ses yeux bleus intenses de ma grand-mère paternelle. Elle a aussi conservé ce don qu’elle avait de nous emporter dans un mystère, même quand elle nous racontait une histoire pour laquelle nous connaissions déjà la fin.

PommePomme, quant à elle, est inspirée d’une petite fille que je croisais à l’âge de cinq ans sur le chemin de l’école. En fauteuil roulant, elle attendait notre passage sur la place du cinéma pour nous accueillir avec un immense sourire rempli de joie. Je ne peux pas dire que je la connaissais vraiment mais je garde en mémoire son visage illuminé, sa voix fluette ainsi que le bonheur qu’elle semblait éprouver à chacun de nos passages. Bizarrement, je ne pensais plus à elle depuis de longues années et c’est l’écriture de « Quand les hirondelles me reviennent » qui a fait ressurgir le sentiment de bien-être que je vivais à son contact. Elle est devenue le personnage préféré de mes lecteurs.

Les autres protagonistes se sont construits autour de Margueritte et de PommePomme.

Avec votre twist final, vous donnez une explication assez fine tout en invitant à la réflexion, comment l’idée vous est venue ? N’y a-t-il pas une part autobiographique ?

Le terme explication me semble fort, je dirais plutôt une possibilité qui effectivement amène à réfléchir. Je voulais que ce roman fasse partie des livres qui nous poursuivent quelques temps après avoir tourné la dernière page. Sans être totalement autobiographique, l’acte final est quelque chose qui m’a toujours fasciné. Je pourrais vous en dire plus sur mon vécu à propos de ce sujet mais je serais obligé de révéler la fin.

Quel message avez-vous envie de transmettre à vos lecteurs ?

J’aimerais avant tout qu’ils passent un excellent moment de lecture et d’évasion. En tant que lecteur, c’est ce que je recherche avant tout quand je me plonge dans un récit. A vrai dire, je ne suis pas certain que je délivre un message particulier. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt ce qu’en retiennent mes lecteurs. Ce sont eux qui créent le message et le font vivre et j’avoue que je suis parfois moi-même surpris de ce qui ressort de ce livre.

Pensez-vous qu’un bon auteur s’inspire nécessairement de son vécu ?

Encore une excellente question :). Il y a incontestablement une part de nous dans nos livres mais sans nécessairement être du vécu. Ce sont plutôt les émotions que nous vivons qui se retranscrivent au travers des destins de nos personnages. Un peu comme quand nous rêvons.

Quels sont vos références en matière de littérature ?

Mes goûts en terme de littérature sont très éclectiques et pour vous répondre objectivement il faudrait que je recherche dans les nombreux cartons de livres entassés dans le grenier. Encore une fois, j’aime un livre à partir du moment où il me permet de m’évader. J’adore qu’un auteur me surprenne et qu’il me laisse dans la réflexion quelques minutes, quelques heures voire quelques jours après avoir lu la dernière ligne. Je risque d’en oublier beaucoup mais pour vous faire plaisir, voici le nom de quelques auteurs contemporains qui m’ont emporté avec au moins l’un de leur livre : Grégoire Delacourt, Laurent Gounelle, Pierre Magnan, Franck Thilliez, Dan Brown, Guillaume Musso, Valentin Musso, Glenn Cooper, Pierre Lemaitre, Joël Dicker, Marc Levy, Margot Stedman, Liane Moriarty, Tatiana de Rosnay, Didier Van Cauwelaert, Agnès Ledig, Anna Gavalda… J’en oublie c’est sûr !

Pourquoi avoir choisi l’Auto-édition ?

Une maison d’édition ne fait pas confiance à un auteur totalement inconnu, qui, sans aucune formation littéraire s’est mis à écrire à l’âge de trente-sept en rentrant d’une promenade [sourire]. L’autoédition était le moyen simple de se faire lire. Cela m’a apporté cette satisfaction de savoir que plusieurs centaines de personnes ont lu ma fiction. Je prends aussi beaucoup de plaisir à recevoir les critiques des blogueurs et certains n’hésitent pas à parler d’une qualité digne d’un roman édité. Il y en a même un (il se reconnaîtra 😉 ) qui a revu sa position tranchée sur l’autoédition après avoir lu « Quand les hirondelles me reviennent ».

Que représente pour vous le Prix des Auteurs Inconnus et pourquoi avoir eu envie de mettre vote livre en concurrence avec d’autres auteurs ?

Cela représente une opportunité énorme ! Une nouvelle fois je vous félicite et vous remercie vivement de cette initiative ! Nous parlions de l’autoédition, ce terme veut dire que l’écrivain va s’occuper intégralement lui-même de sa promotion. En d’autres termes, il endosse plusieurs nouvelles casquettes d’un coup, celle de graphiste, de gestionnaire de stock, de comptable, de chef de projet marketing, de commercial et j’en passe… Quand vous entrez dans une librairie, les milliers de références vous donnent le tournis et vous vous rendez compte que même avec la meilleure volonté du monde, vous ne serez pas à la hauteur de ces nouveaux jobs ! Sans compter que ce sont des métiers auxquels vous ne connaissez rien et que vous avez votre propre travail à côté. Le prix des auteurs inconnus est donc une réelle opportunité pour faire connaître et reconnaître notre travail. Ce qui m’a également séduit, c’est le retour potentiel des blogueurs et chaque auteur vous le dira, lire des critiques sur son livre est une réelle satisfaction. A chaque nouvelle chronique, j’hésite avant de la lire de peur d’avoir déçu. J’ai cette chance de n’avoir pour l’instant que d’excellents retours. Ce sont eux qui m’encouragent à continuer d’écrire.

Je n’ai pas vraiment la sensation d’avoir mis le livre en compétition. Bien sûr, c’est toujours intéressant de voir ce que vaut notre roman face aux autres mais ce n’était pas ma motivation première. Que le meilleur gagne ! Enfin… Si je pouvais gagner… Je serais hyper fier !!

Actuellement êtes-vous en train d’écrire un nouveau livre ? Dites-nous en plus sur la suite que vous envisagez en tant qu’auteur ?

Mon deuxième roman « La mémoire du granit rose » est terminé et relate l’histoire déroutante des retrouvailles de six amis, vingt ans après leurs dernières vacances ensemble.

Je viens de le soumettre à plusieurs maisons d’éditions. S’il est retenu, alors il verra le jour. Dans le cas contraire, je ne suis pas certain d’avoir l’énergie nécessaire pour l’auto éditer. Il finira dans un tiroir en attendant la retraite…, mais je vous préviens ce n’est pas pour tout de suite, il va falloir être patiente. Pour être plus sérieux, je ferai certainement un tirage d’une centaine de livres pour faire plaisir à ceux qui me le réclament.

Cela ne m’empêche pas d’écrire, j’attaque le troisième mais le temps me manque cruellement. Ah si je tenais celui qui a inventé le temps qui passe !

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